[spectre] Des_émeutiers_et_des_intellos_post-or

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Mon Nov 14 11:04:27 CET 2005


Très beau texte, très touchant par sa fragilité, car c'est difficile de parler à la place des émeutiers.

Ton texte soulève une question importante: 
En effet, médias, intellectuels et partis politiques considèrent finalement ces émeutiers "immatures" comme des sortes d'indigènes, de bons/mauvais sauvages, animistes sous l'effet de drogues puissantes, des nègres en transe...
Retour effrayant du colonialisme sous la forme d'un colonialisme deterritorialisé, virtuel, postmoderne...
Donner la paroles aux émeutiers ? mais ils ne savent pas parler, ils n'ont pas de language, ils ne connaissent pas l'écriture, ils parlent petit-nègre...

D'ailleurs les émeutiers ont-ils seulement une âme ?

c'est hélas la plus triste des nouvelles, le niveau est bien bas surtout le niveau de l'élite...

Loz from provisoire


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On Mon, 14 Nov 2005 01:38:01 +0100, "Louise Desrenards" <louise.desrenards at free.fr> wrote:

> Je vois tout le monde parler des révoltés, ou être interrogé en place des
> révoltés, notamment les spécialistes sur la question, ce qui est le
> contraire même des protagonistes de la question.
> 
> Pardon ce n'est pas contre vous, mais ça me choque : les émeutiers
> français - car il sont français même s'ils ont le teint bazané et s'ils
> habitent des coins de banlieue déshéritée - qui leur a donné la parole ?
> PERSONNE.
> 
> Pas plus les médias, sinon à montrer des voitures en feu afin de
> monter en épingle un nombre de voiture calcinées largement surévalué, que
> les sociologues ou que les intellectuels alternatifs QUI DEROBENT AUX
> REVOLTES LA PLACE DE PAROLE A LA TRIBUNE. Même si ce ne sont pas tous des
> lycéens - mais beaucoup sont tout de même des collégiens e quelques lycéens,
> et même ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre s'il en est sachant parler que
> diable, ils ne sont certainement pas des muets, ils ont un organe vivant
> pour communiquer, que diable !
> 
> Parmi les révoltés certains m'effraient, mais ce n'est pas une raison pour
> refuser de les regarder agir, faute pour eux d'être autorisés à prendre la
> parole ou de pouvoir être entendus parler. Les voir roués de coups sans leur
> donner la parole est tout de même fort de café.
> 
> Je n'ai jamais vu des émeutiers aussi mutiques que ceux qui font les beaux
> soirs du couvre feu justifié par les médias, et bien que désavoué par les
> intellos. JAMAIS autant de silence, à croire qu'ils sont faux ces gamins
> fauves qui ont réhabilité le coktail Molotov, inventés, clonés, ou des morts
> vivants - présentés pour tels. Ou de la classe virtuelle pour organisations
> politiques en mal de masses militantes - camarade nous voilà même si onne
> vous connait pas.
> 
> C'est absolument scandaleux.
> 
> De l'autre côté nous avons les pouvoirs publics, les préfets eux-mêmes qui
> parlent de rabattre le débat avec les familles dans les lieux de culte, et
> de confier un rôle de gardiennage des adolescents et des familles aux lieux
> de culte en place de la république : renforcement communautaire collaborant
> pour le bien des siens à la façon du ghetto de Varsovie en version soft ?
> ça ne vous choque pas cela
> aussi ? Car vous savez très bien que leur cause publique est perdue aux yeux
> de l'Etat qui les a sacrifiés depuis plus de vingt ans et le sachant ! Et de
> plus : les rebeux athées, ils les enoient à la mosquée : faut le faire.
> 
> Quant aux français déjà évoqués : 3è, 4è génération d'émigration mais ce ne
> sont pas des "jeunes avec des papiers en règles" : ce sont des français - je
> veux dire qui ont la nationalité française pour la plupart ! Et on parle de
> renvoyer des français
> dans leur pays ? Mais : leur pays c'est ici ! Or personne n'a réagi sur
> cette remarque du pouvoir d'Etat ; mais nom d'un chien comme disait un ami :
> que fichent-ils à ne jamais avoir quitté la banlieue de leurs
> grand-parents?! Qu'a t'on fait publiquement pour les assigner là, lerus
> parents, et leur descendance rendue immobile sur les lieux mêmes de l'échec
> qui les avait précédés ?!
> 
> Cette absence de possibilité de translation géographique et sociale crève
> les yeux : ce n'est pas le fait d'une république matérialiste en progrès -
> ni d'une démocratie, c'est le fait de la disparition de l'économie politique
> en même temps que celle de l'ère industrielle. Même les anciens paysans du
> Nord venus faire tourner les usines limitrophes de la capitale finirent par
> trouver un progrès qui
> n'était pas que celui de l'accession à leurs pavillons ou à des résidences :
> celui du progrès social de leurs enfants. Alors, les patronages municipaux
> et les cours du soir des syndicats remplaçaient les églises les temples et
> les mosquées - purent-elles exister de surcroît, du moins les églises, et
> aussi les temples au bout du compte de la laïcité peu scrupuleuse.
> 
> Mobilisation politique, certes, car il y a des années la grève générale
> aurait déjà été décrétée après huit jours d'émeutes, répliquant à une sorte
> d'assassinat socio-politique par non assitance à personne en danger de deux
> mômes de banlieue, cramés dans un transformateur - où les flics les savaient
> cachés.
> 
> Et il est certes tombé bien bas le niveau politique des centrales syndicales
> face aux hordes sporadiques de ceux qui jamais n'auront de travail : car
> cette main d'oeuvre lattente est devenue intutile à la bonne santé des
> indices nationaux et internationaux, et vous le savez très bien ! Et ils le
> savent très bien : c'est pourquoi on ne leur donne pas la parole, on craint
> qu'ils ne renvoient l'image en miroir insupportable, celle de leur abandon
> délibéré il y a quelques années, de leur inutilité économique sinon la
> consommation - voler pour consommer mieux par exemple, et de plus pour
> certains d'entre eux seulement et surement pas pour la plupart des
> émeutiers.
> 
> Alors pourquoi faire semblant ? Qu'ils crèvent ? Comme les basses castes en
> Indes ne se remettront pas de la montée d'une classe utilitaire accédant à
> l'argent et à la décision nationales et internationales dans une
> bio-problématique des indices et des pratiques. Ici aussi, le tiers va
> gicler et le reste s'appauvrir sauf quelques uns. Alors les cadres sup en
> torpedo aérienne viendront se poser sur les places des villes anciennes
> abritées par les milices de sécurité pour passer leurs week-ends, quand ils
> n'iront pas se ressourcer dans les maisons du silence, justement là encore :
> le silence des banlieues : que de l'image !
> 
> Quand les villes anciennes protégées, quand ce ne seront pas par des murs de
> la honte tel celui que vous savez - le plus symptomatique - ou les
> palissades des villes d'Argentine... (où tout paraît renaître pourtant
> dit-on : mais  pour qui ? Pour des émigrés qui viennent acheter le foncier
> que les habitants de la classe moyenne ruinée - la classe dont l'impot
> constituait la masse principale des revenus nationaux est aussi celle de
> l'incertude politique alors, pourquoi la maintenir cette classe critique,
> puisque là encore ses revenus fiscaux ne sont plus
> nécessaires à l'Etat qui s'est dépourvu du service public ?) Voyez le même
> topo par ici. ON n'émigre pas dans tous les sens. Vendez les autoroutes et
> vos centrales nucléaires, désentravez vous du travail industriel, inutile
> d'aller chez le médecin il ne sait plus diagnostiquer le mal et le bien,
> voyez le pharmacien, fini le prolétariat, et la TVA fera le reste.
> 
> Tristes centres villes au bout des RER ou des lignes de tramways (tout
> dépend à quel bout on se place).
> 
> Il y a pourtant un lieu de parole indirect dans nos villes bourgeoises, ce
> sont les filles et les femmes beurs et blacks émergentes en vendeuses ou en
> caissières de grands magasins par exemple, ou de supermarchés, qui chaque
> matin et chaque soir font le trajet entre le non lieu - qui pourtant est un
> quartier de ville - et le lieu : le centre ville où elles travaillent.
> D'abord elles vous diront que bien sûr on ne peut brûler des voitures, puis,
> si elles vous sentent en
> sympathie ou en bonne écoute, elles vous diront qu'elles sont contre le
> couvre-feu, car déjà leur quartier est peu vivable mais si on contrôle les
> entrées et les sorties, ou si on ne les laisse circuler que sous la
> pression descontrôles, alors autant se flinguer, et enfin : écoutez bien ce
> qu'elles ont à dire sur ce qui se passe ; elles vous diront sous les mots
> comme elles sont d'accord pour cette expression spectaculaire, la seule, le
> seul échange possible pour faire connaître le problème à ceux qui
> l'ignorent, qui pouvait faire exister une communication par la
> communication, faute d'intérêt collectif.
> 
> Et puis eux. Puisqu'il y a eu des journalistes pour les filmer ou les
> photographier : n'y en a-t'il pas eu pour leur avoir parlé, les avoir
> entendus ? Pourquoi ne lit-on pas la relation de tels échanges, de leurs
> paroles - même si ce n'étaient que des insultes ou des cris :
> n'éxistèrent-ils pas, ces mots, ou est-ce de la censure ?! Et les masses
> medias radiophoniques hertziennes : elles ne connaissent plus le direct ?
> Tous réduits aux dépêches de l'AFP ou de Reuteurs qui rapportent selon leur
> point de vue owner, pas la peine d'enquêter. Et d'un autre côté la
> subjectivité des blogs menacée par d'autres sortes de flics ?
> 
> Mais ça suffit à la fin ! qu'on commence donc par se poser le problème de la
> censure dans la désinformation de l'information owner et de l'auto-censure
> sous les analyses alternatives !
> 
> Et puis, certes la solution est politique mais alors avec un grand P parce
> que je ne vois pas comment on va rebâtir le service public alors qu'il a été
> privatisé - et pour cause puisque dans la visée utilitaire des classes
> dynamiques, il était devenu au fond inutile - aux pauvres (qui ne servent
> plus à rien, même pas à gagner son paradis).
> 
> Pensez-vous vraiment que c'est à nous qu'il faut expliquer que ces garçons
> en émeute sont fichus, sauf accident (ce qu'ils font) ? Pensez vous vraiment
> que nous ne le sachions pas ? Pensez-vous vraiment que la réponse soi disant
> bienveillante en "dérilection" de moralisme par tel chercheur du CNRS qui
> essaie de trier la lie de l'ivraie - les bons beurs qui font science po et
> d'autre part les dealers - puisse nous satisfaire, quand il se permet de
> rappeler l'itinéraire de la délinquance à la source des familles ?! Et
> l'éducation publique et sociale municipale : elles ont fait QUOI ?
> 
> Et le gouvernement concluant l'industrie au profit de
> services moins coûteux et mieux fournis par les pays émergents, en fin de
> compte, que par nos formations et nos exploitations (dans tous les sens du
> mot), ILS ONT FAIT QUOI ? Vous trouvez normal que ces mômes passent tous
> leurs étés à zoner dans leurs quartiers ou à aller casser du touriste dans
> les terrains de campings en voyangeant dans les chiottes des trains - comme
> si ils n'avaient pas voyagé : toujours le même tumulte faute de fric -
> vole-le ou tabasse-le (fric) ?
> 
> VOUS ZAVEZ PAS HONTE MESSIEURS LES CHERCHEURS D'OSER ATTRIBUER DES CAUSES A
> CE QUE VOUS IGNOREZ ?
> 
> Quoi qu'il dise ou laisse espérer hélas le monsieur qui compatit pour
> justifier sa position de consultant : son argumentation problématique est
> plus que douteuse.
> 
> Il y a un vrai problème : la politique européenne de l'émigration et ses
> conséquences cadrées sur un fonds de tradition peu honorable, qui vont
> jusqu'à affecter d'une image semblable des personnes désocialisées et
> désunies économiquement, lesquelles pourtant au terme de leur émigration ont
> intégré le statut national du pays où elles vivent : les boucs émissaires,
> vous connaissez, "M le maudit" de Fritz Lang, ça ne vous rappelle rien ?
> 
> Il y a un vrai problème : la politique internationale du FMI et de la banque
> mondiale sous la médiation de l'OMC ; l'assignation à territoire des peuples
> pour la réalisation du maximum des profits de la déréglementation de la
> libre concurrence internationale. Non plus partager le gâteau mais supprimer
> les nations en tant que gâteau, pour justifier qu'il n'y ait plus de gâteau
> à
> partager de toutes façons, tandis qu'à l'autre bout du fil où théoriquement
> on commence à recueillir le fric du partage par le fait magique de la loi du
> marché, on ne le partage plus avec ses pauvres...
> 
> Quant à l'Afrique ? Vous me direz par exemple qu'au Mali il y a de l'argent,
> depuis
> qu'EdF a couvert le territoire des bienfaits de l'électricité, semant des
> téléviseurs dans les maisons à deux pièces pour quinze individus, pour
> remerciement du droit de truffer le sol agricole et phréatique de leur
> déchets nucléaires français. Certes : intéressant de retourner au Mali : ya
> la télé
> et des frigidaires qui tiennent le vide au frais.
> 
> Vous me direz qu'ici avec les basses fréquences les dioxines et les
> centrales, plus notre propre part d'enfouissement de déchets accablant
> maintenant les départements de l'Ouest, qui étaient restés protégés des
> retombées de Tchernobyl, nous précédons le Mali - tout jeune et déjà
> poney - et mieux, tous les pays en taux de cancer - et de loin mais enfin :
> est-ce une façon bien élevée de l'exporter - en accéléré chez les déshérités
> ?
> 
> D'ailleurs tiens, les Corses, c'est comme l'Italie du Sud : ce qui leur
> arrive par les côtes et par la mer vaut au-delà des GIGN.
> 
> Bref, le fric on le partage où quand et comment si ce n'est celui de la
> Bourse, au temps où le capital a sacrifié sa propriété matérielle de la
> production au profit de l'argent, tout sacrifié pour l'argent et pour
> commencer, pour que l'argent soit plus libre que l'homme, afin de
> s'accroître exponentiellement ; or le capital virtuel, ce n'est pas pour
> tout le monde, le fric de Google c'est pour la nasa et les martiens, vous
> savez bien...
> 
> Et pourtant c'est bien par là qu'il faudra finir par aller le chercher, un
> jour.
> 
> L'argent pour tout le monde - sauf prescrit.
> 
> Peut-être ?
> 
> L.
> 
> PS / Aux émeutiers :
> Mais pour commencer, avant de nous lever aux discours sur ou pour les
> émeutiers, nous attendons d'entendre parler les émeutiers afin de comprendre
> comment les aider. C'est leur lutte ; c'est de leur autonomie, que ce soit
> par la formation le travail ou l'inaction, ou l'activisme, qu'il s'agit. Il
> faudra bien qu'ils s'y mettent, sans qu'on leur souffle nos vieilles
> "conneries" à l'oreille. Quant à la nôtre (oreille), qu'elle soit ouie.
> 
> 
> 
> 
> 
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