[spectre] Battisti finally free is a vow of Brazil to Europe

Louise Desrenards louise.desrenards at free.fr
Wed Jun 15 01:25:41 CEST 2011


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LIBÉRATION DE CESARE BATTISTI
http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article2027

 Extrait de l’email du 12 juin 2011 envoyé par Fred Vargas aux
soutiens de Cesare Battisti où elle confirme et commente la libération
de celui-ci au Brésil, le 8 juin 2011 :

« [...] Pardonnez-moi de ne pas vous avoir écrit plus tôt, mais les
jours qui ont suivi cette nouvelle ont été très surchargés. Cette
victoire n’est pas mince puisqu’elle a été obtenue par six voix contre
trois au sein du Tribunal Suprême. Vous savez aussi que l’ordre de
libération a été aussitôt signé et que Cesare est sorti du pénitencier
de Papuda vers une heure du matin, aussitôt après le jugement du 8
juin.
 Cette vraie victoire de la justice contre les pressions politiques
immenses et la propagande déchaînée nous raconte que les “causes
perdues” peuvent encore être gagnées en ce monde. [...] »

« Les intellectuels qui font aujourd’hui l’apologie de l’Etat de droit italien,
qui existait selon eux dans les années 70,
sont aveugles, ignorants ou cyniques. »
Toni Negri et Nanni Balestrini, Libération, 18 mai 2004 (Extrait de
ViaLibre5) [1]


_____




 Il n’est pas une loi universelle des État-nations laïques et
heureusement car ce serait égal à la loi de Dieu, même pour ceux qui
ne croient pas en Dieu. L’homme peut faire des erreurs, et aussi les
États le peuvent — excepté les États fondamentalistes qui en décident
autrement. Quand il y a doute sur les procédures alors il y a la
présomption d’innocence. D’un autre côté, il y a une question
politique d’engagements. Combien de syndicalistes ont été tués par la
police sous les ordres du ministre de l'intérieur et futur président
du Conseil Cossiga ?! Beaucoup. Et Cossiga avec l'accord d'Andreotti,
son prédécesseur à la présidence du conseil, a été impliqué dans le
meurtre d'Aldo Moro (9 mai 1978) ce qui, en plus de l'horreur
criminelle du pouvoir à l'égard d'un de ses membres, a ouvert la
répression sauvage des militants révolutionnaires -- sur la suggestion
de l'envoyé des services secrets US ayant pour objectif de bloquer
l'entrée des communistes au pouvoir et aussi de bloquer la révolution.
Dans les années 80 puis assurant le suivi des engagements dans les
années 90, les gouvernements sous la présidence de Mitterrand et sous
le premier mandat de Jacques Chirac avaient assuré l’engagement de la
première négociation du président de la république avec le président
du conseil italien de l’époque Bettino Craxi [2], pour un refuge
français des activistes recherchés par la police italienne, afin
d’aider au rétablissement de la paix civile en Italie, au moment de
bâtir l’Europe, et pour que l’Italie l’intègre en paix civile et sans
esprit de vengeance. En tout ils furent environ 300 déclarés, parmi
lesquels des personnalités intellectuelles aujourd’hui
internationalement connues, et plus tardivement Battisti, qui avait
fui au Mexique, et en revint en 1990, ayant entendu parler des accords
de "la parole donnée".

Maintenant il y a autre chose : la souveraineté des États. L’Italie
est une maison souveraine — che elle, — la France l’est aussi, — chez
elle. Quant au Brésil plus que tout autre, — chez lui — du à son passé
colonial et à son passé national clôturant le siècle dernier.
Notamment sur le statut des réfugiés politiques et l’engagement de
leur accorder ce statut par décision suprême au titre de l’exception
en dépit des accords d’extradition.

Non seulement faire pression contre un État souverain étranger mais
encore en jouant contre sa démocratie nouvelle (deux mandats
présidentiels seulement au terme du second mandat de Lula) après de
longues années de dictature, en exigeant que les membres les plus
réactionnaires de la Cour suprême jugent la constitutionnalité de la
décision ultime par le pouvoir exécutif — en réalité légale — de ne
pas extrader, menaçait de diviser l’institution démocratique du Brésil
sous la force de l’ingérence : ce qui a été jugé irrecevable. Et
heureusement pour le Brésil et pour la diversité démocratique
internationale. Il semble que la grande majorité aux deux tiers du
dernier vote du Tribunal suprême (6 contre trois 3 ultras dont le
président du tribunal lié à des forces parlementaires proches de
l’ancienne dictature), ait finalement statué sur la question de la
souveraineté nationale : assurer la stabilité de la démocratie
brésilienne.

La confirmation que la décision du président Lula fût
constitutionnelle et représentative était bien la question de la
souveraineté nationale — et celle de l’unité nationale brésilienne
face aux forces d’ingérence — expliquée par le juge porte-parole de la
décision du Tribunal.

Un grand pays
dans tous les sens du terme.

Longue vie à Cesare Battisti libre — c’est un vœu du Brésil également
pour l’Europe.


A. G. C.



Nanni Balestrini, Oui à la violence des travailleurs (1972)
Métagraphie pour l’exposition Italics sous le commissariat de Francesco Bonami
au Palais Grassi, Venise, 1972. Source Live from Planet Paola
http://livepaola.wordpress.com/2008/11/30/tag-cloud-1972/



En logo et en logo de survol : Nanni Balestrini et Toni Negri

______________

ps:

La loi Reale (ce lien pour expliquer que ceux qui dénient les
assassinats multiples par la police dans les années de plomb et ont
radicalisé l’extrême-gauche dans l’auto-défense violente mentent, a
fortiori quand ils poursuivent par dénier la justice d’exception qui
s’ensuivit).
http://it.wikipedia.org/wiki/Legge_Reale


notes:

[1] L’article cité dans ViaLibre5 http://www.vialibre5.com/ ayant
disparu des archives du site du journal Libération, on peut en prendre
connaissance dans les archives de la liste nettime-org,
http://www.nettime.org/Lists-Archives/nettime-l-0405/msg00045.html
la version française étant reproduite ici :

"Les intellectuels qui font aujourd’hui l’apologie de l’Etat de droit
italien, qui existait selon eux dans les années 70, sont aveugles,
ignorants ou cyniques."

Libération, 18 mai. Colonne : Rebonds Pardonner à Battisti, entre
autres, libérerait le pays de ses fantômes des années soixante-dix.
En Italie, une amnistie politique qui ne passe pas.

Par Nanni BALLESTRINI poète et romancier et Toni NEGRI sociologue et philosophe
mardi 18 mai 2004

Le 30 juin, la justice française devrait se prononcer sur l’éventuelle
extradition de Cesare Battisti, réfugié politique en France depuis
1981 et en fuite de son propre pays pour des actes commis dans les
années 70. La décision a été renvoyée après une première audience de
la chambre d’instruction le 7 avril, date qui a fait resurgir pour un
certain nombre d’entre nous des souvenirs tristes et douloureux.

Le 7 avril 2004, a en effet été le 25e anniversaire de l’arrestation
d’une soixantaine d’intellectuels et d’ouvriers par le juge Calogero,
qui était à l’époque ­ et qui est encore aujourd’hui ­ le procureur de
la République de la ville de Padoue. Ces ouvriers et ces intellectuels
étaient tous accusés d’avoir organisé un vaste mouvement au sein des
usines et des universités qui poussait à l’« insurrection armée contre
l’Etat » (un délit introduit dans le code pénal italien pendant le
fascisme, puni par la réclusion à perpétuité, et qui n’a jamais été
abrogé depuis), et en particulier de représenter le cerveau d’une
organisation politique dont la façade officielle aurait été nommée «
Autonomia operaia » (autonomie ouvrière), et dont la structure
clandestine aurait été celle des Brigades rouges. Ils étaient en outre
accusés sans preuves d’être les responsables de dix-neuf assassinats,
et en particulier de celui du président de la Démocratie chrétienne,
Aldo Moro. Après sept ans, alors que les accusés avaient attendu en
prison un procès qui eut finalement lieu, ces accusations ont été
totalement abandonnées, et presque tous ceux qui avaient été
incarcérés le 7 avril 1979 dans des prisons de haute sécurité ont été
remis en liberté après avoir été totalement blanchis : ils avaient
donc fait sept ans de prison dans des conditions extrêmes mais n’ont
reçu ni excuses ni dédommagement de la part de l’Etat italien.

Les deux auteurs de ce texte ont été au nombre de ceux que le juge
Calogero accusait : le premier a réussi miraculeusement à éviter
l’incarcération et a vécu sept ans en France avant d’être totalement
acquitté et d’oser rentrer en Italie ; le second a subi quatre ans et
demi d’incarcération préventive, puis a été par la suite élu député,
ce qui lui a permis de sortir de prison, et s’est enfin réfugié en
France pendant quatorze ans, protégé par la doctrine Mitterrand, avant
de rentrer en Italie volontairement en 1997 pour purger les six
dernières années de prison qui lui restaient à faire. C’est à la
lumière de cette expérience que nous nous permettons, aujourd’hui, de
prendre la parole à propos du problème historique et juridique que
pose l’extradition de Cesare Battisti.

Nous avons lu les lettres indignées de certains intellectuels,
journalistes et magistrats italiens : au contraire de ce qu’affirment
de nombreux intellectuels français, ceux-ci écrivent que l’Italie des
années 70 n’a pas vécu de guerre civile, et que l’Etat de droit
italien n’a donc pas eu à utiliser de lois d’exception. Les arguments
qu’ils utilisent nous semblent pourtant souvent oublieux, pour ne pas
dire ubuesques. Repartons donc de cette histoire qui a été ­aussi ­la
nôtre.

Les années 70 ont représenté une expérience collective à la fois vaste
et profonde à la faveur de laquelle deux générations ont cherché à
déraciner les piliers ­ pourtant immuables en apparence ­de la société
italienne de l’après-guerre. C’est à ce mouvement qu’il est revenu
d’imposer de nouveaux rapports dans la famille, dans la sexualité,
dans le travail, dans l’enseignement, dans la création, dans la
politique... Mais, alors que dans d’autres pays d’Europe la vague
provoquée par 1968 avait été réabsorbée à l’intérieur des institutions
grâce à des réformes certes plus ou moins efficaces mais qui tenaient
toujours compte des exigences des nouvelles générations, en Italie, au
contraire, une classe politique opaque et corrompue, habituée depuis
les années 50 à réprimer dans le sang les luttes ouvrières et
paysannes, a refusé d’emblée tout dialogue avec un mouvement étudiant
qui ne cessait par ailleurs de se développer, et se liait de plus en
plus à une énorme mobilisation ouvrière. Au lieu de s’ouvrir aux
réformes que demandait un pays moderne (souvenons-nous que c’est dans
ces mêmes années que les droits au divorce et à l’avortement ont été
conquis ­ contre la volonté du gouvernement en charge), on a préféré
réprimer et arrêter les manifestants ; et l’usage des armes à feu de
la part des forces de police a provoqué de nombreux morts.
Parallèlement, l’Italie a subi ce que l’on a appelé « un terrorisme
d’État », c’est-à-dire de nombreux attentats meurtriers organisés par
certaines franges des services secrets ayant échappé à tout contrôle
et par des groupuscules d’extrême droite : il y a donc eu des
explosions sur des trains, des bombes dans des banques et lors de
meetings syndicaux, de véritables actes de terreur ayant pour finalité
de généraliser la peur et de contraindre le pays à se replier sur des
positions modérées. On a dit que c’était une « stratégie de la tension
» : déstabiliser pour restabiliser ­ et les morts se sont comptés par
centaines. En réponse à cela, une partie du mouvement a
progressivement glissé vers la lutte armée et a commis des assassinats
politiques : entrepreneurs, journalistes, syndicalistes, hommes
politiques, magistrats... L’État a alors adopté une panoplie de lois
spéciales qui ne correspondaient sans doute pas formellement à un
véritable Etat d’exception, mais qui ont malgré tout permis
l’arrestation et l’incarcération préventive de milliers de personnes
pendant des années (la limite juridique en était fixée à douze ans),
l’usage de la torture, des procès sommaires entièrement construits sur
la parole de détenus auxquels il avait été promis la liberté en
échange de confessions et qui auraient inventé n’importe quoi pour
sortir de prison. Les données sont tristement claires : 36 000
arrêtés, 6 000 condamnés, un millier de personnes réfugiées à
l’étranger ; et ceux qui pensent que tout cela n’est pas vrai n’ont
qu’à aller jeter un coup d’oeil dans les rapports d’Amnesty
International de ces mêmes années.

Or il ne s’agit pas de dire que les années 70 ont été des années non
violentes, ni de faire profession d’angélisme. Mais l’Italie de
l’après-68, c’était aussi les tentatives de coup d’Etat,
l’infiltration de la loge maçonnique P2 dans les hautes sphères de
l’Etat et de la société civile (faut-il rappeler que de nombreux
éléments de la classe politique de l’époque sont les mêmes qui sont
aujourd’hui protagonistes de la vie publique de la péninsule ?), la
structure militaire atlantique Gladio qui avait clandestinement
investi les centres du pouvoir, l’énorme scandale Lockheed qui avait
entaché non seulement plusieurs ministres du gouvernement en charge
mais aussi le président de la République lui-même, le contraignant à
la démission...

Une corruption diffuse et profonde, donc, qui a fini par émerger en
pleine lumière au début des années 90, et qui a provoqué, au moins
formellement, la disparition des grands partis italiens : l’histoire
de Tangentopoli n’est de ce point de vue que la conséquence de
décennies de dysfonctionnements et de pots-de-vin, de subversion et de
mensonge, de dérives et de secrets.

Les années 70 ont été tout cela ­ et non pas seulement, comme certains
veulent le faire croire, une jacquerie métropolitaine dans laquelle un
petit nombre d’exaltés délirants, totalement coupés de la réalité et
manipulés par des pouvoirs occultes, ont mis en danger une démocratie
pacifique, tranquille et placide.

La répression du mouvement des années 70 a duré pendant des années. Le
temps a passé. Bien des hommes politiques se sont refait une
virginité. Les acteurs des années de plomb ont pour leur part purgé
jusqu’au bout, et parfois outre mesure, leur condamnation ­ en prison
pour la majorité d’entre eux, en exil pour d’autres ­ et seuls ceux
qui n’ont pas vécu l’exil peuvent nier qu’il s’agisse aussi, malgré
les apparences, d’une peine exemplaire et cruelle.

Il ne s’agit pas ici de dire que nous avons été innocents. Il s’agit
simplement de rappeler que les lois en vertu desquelles nous avons été
incarcérés ­ et, pour certains, condamnés ­ n’étaient pas des lois
normales ; et que tout homme, quel qu’il soit, a droit à une justice
juste. C’est sur ce point que la doctrine Mitterrand a fondé sa
pensée. Dans le cas des acquittés, certes : tous ceux qui ont été
blanchis après avoir subi des années de prison, perdu leur travail et
parfois leur famille, ont subi une justice tragiquement grotesque ;
mais dans le cas des condamnés, l’injustice n’en est pas moins
monstrueuse.

Le cas d’Adriano Sofri, condamné à vingt-deux ans de prison,
vingt-cinq ans après les faits qui lui sont reprochés ­ et bien qu’il
continue désespérément à se proclamer innocent ­, en est l’exemple le
plus triste. Sofri est innocent, mais il a été condamné lors d’un
procès-fleuve constellé de déclarations contradictoires, de témoins
ambigus, de preuves qui disparaissent, de juges déplacés ou remplacés,
de jugements cassés et refaits. Nous nous permettons seulement
d’ajouter à tout cela : si Sofri avait été coupable ­ et il ne l’est
pas ­, cette parodie de justice à laquelle il a été soumis, et dont
l’historien Carlo Ginzburg a très justement dit qu’elle ressemblait à
un véritable procès de sorcellerie, en serait-elle moins monstrueuse ?

Trente ans ont passé. Les hommes ont changé. Ils se sont refait
difficilement une vie quand ils l’ont pu. Mais cette histoire, dont on
ne réussit toujours pas à faire l’histoire, est une plaie. Après
trente ans, alors que rien n’est plus semblable à ce qui existait
alors ­ ni les personnes, ni la situation historique ­, cela a-t-il
encore un sens de vouloir punir ? N’y a-t-il pas de prescription
juridique quand les âmes et les corps sont devenus autres, et que
toute leur existence en est la preuve ? Ne risque-t-on pas de
transformer la justice ­ celle qui a fait si cruellement défaut à
l’époque ­ en une vengeance ?

Une vengeance qui a fait de l’oeil pour oeil son credo, mais qui ne
fonctionne pas de la même manière pour tous. Les massacres provoqués
par la stratégie de la tension sont demeurés, pour la plupart,
impunis. Le jour de l’arrestation de Battisti, la magistrature
italienne a décidé de débouter, après trente ans de procès successifs,
les accusations qui inculpaient certains leaders d’extrême droite et
des responsables des services secrets de l’attentat de la Banque de
l’agriculture de Milan, en 1969 : une bombe avait provoqué une
véritable hécatombe. Les responsables peuvent dormir tranquilles, ils
n’ont pas besoin d’amnistie, ils sont déjà amnistiés.

Mais, pour l’extrême gauche, point d’amnistie. Cette page de
l’histoire ne sera pas tournée, parce que cela voudrait dire
précisément qu’on a finalement accepté d’en faire l’histoire
véritable. La gauche italienne se refuse à faire une amnistie par peur
que Berlusconi et ses amis en profitent. Berlusconi et ses amis n’en
ont pas besoin, ils se sont autoamnistiés depuis longtemps.

Les intellectuels qui font aujourd’hui l’apologie de l’Etat de droit
italien, qui existait selon eux dans les années 70, sont aveugles,
ignorants ou cyniques. La doctrine Mitterrand n’a pas eu de grandes
prétentions. Elle a simplement enregistré un non-fonctionnement de la
justice et l’impossibilité de la classe politique italienne à donner
des réponses politiques à un mouvement de contestation poussé peu à
peu à l’extrémisme par le choix de la répression. La doctrine
Mitterrand a permis à des dizaines de personnes d’abandonner la
spirale infernale du recours aux armes et de choisir une autre vie, un
autre parcours. C’est sur cette base qu’elle a été confirmée par les
gouvernements de cohabitation qui se sont succédé à partir de 1986, à
commencer par celui à la tête duquel se trouvait Jacques Chirac, alors
Premier ministre. En liaison étroite avec la Caritas italienne,
l’Eglise de France a, elle aussi, toujours appuyé fermement
l’engagement qui avait été pris.

Il reste aujourd’hui le problème de l’amnistie politique pour les
années de plomb. Certains croient que le pardon est une faiblesse.
Nous pensons, au contraire, que seul le pardon est la mesure d’une
force politique véritable, parce que seul le pardon peut aujourd’hui
permettre à l’Italie de se libérer des fantômes des années 70.

Mais, en Italie, tout cela est sans doute encore impossible, parce
qu’il y règne une opacité qui ne permet pas à l’histoire de se faire,
à moins que, comme aujourd’hui, les acteurs directs ne se décident ­
bien malgré eux, parce qu’il n’y a pas d’autre solution possible ­ à
reprendre la parole. L’Italie du XXIe siècle éprouve à l’égard des
années de plomb la difficulté qu’a eu longtemps la France à l’égard de
Vichy ou de la guerre d’Algérie. Nous demandons aujourd’hui que, comme
en France, cette histoire soit écrite, afin qu’elle cesse enfin d’être
le tabou de la mémoire et du pardon.

Traduit de l’italien par Judith Revel.


[2] Voir l’article de wikipédia sur Bettino Craxi.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bettino_Craxi

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http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article2027



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