[spectre] Fwd: CFP: Histoire de l'art, no. 94: Art et autoritarismes

Andreas Broeckmann ab at mikro.in-berlin.de
Wed Oct 4 07:42:04 CEST 2023


-------- Weitergeleitete Nachricht --------
Betreff: CFP: Histoire de l'art, no. 94: Art et autoritarismes
Datum: Tue, 03 Oct 2023 18:37:24 +0200
Von: ArtHist <arthist at lists.clio-online.de>

From: Delphine Wanes
Date: Oct 3, 2023
Subject: CFP: Histoire de l'art, no. 94: Art et autoritarismes

Deadline: Jan 15, 2024

Au fil des siècles, les artistes ont su nouer avec les pouvoirs 
autoritaires des relations complexes, souvent très difficiles, mais qui, 
parfois, malgré les obstacles terribles, ont pu s’avérer fructueuses du 
point de vue de la création. Le numéro 94 de la revue Histoire de l’art 
entend explorer les attitudes, les positionnements, les réactions, les 
gestes que les artistes, de manière individuelle ou collective, ont pu 
adopter dans des contextes coercitifs. Dans ce numéro, il ne sera pas 
question de formes d’entraves (techniques, formelles, théoriques…) liées 
aux processus ou à la pensée artistiques, mais bien de l’interaction, de 
la confrontation avec une volonté de contrôle ou d’asservissement d’une 
création autonome et critique vis-à-vis de systèmes autoritaires.

Chaque système politique (autocratique, théocratique, dictatorial, 
monarchique, démocratique également) a et a eu comme objectif de donner 
forme à sa légitimité en façonnant par les arts sa propre image. Au 
cours de l’histoire, cette esthétisation de l’autorité se manifeste 
selon des modalités et des expressions différentes, ayant souvent 
recours à la récupération, au détournement et même à la création ex 
nihilo de formes symboliques (pensons à la fondation de l’Empire romain 
par Auguste, au régime autocratique des Médicis à Florence, à l’Empire 
napoléonien ou encore à la manipulation d’éléments antiques et médiévaux 
par le régime hitlérien, pour ne citer que des exemples parmi les plus 
étudiés). On peut se demander quelle est la capacité d’un régime 
autoritaire à susciter, par la coercition, l’invention de nouveaux 
systèmes visuels et, à l’inverse, son rapport à l’histoire et aux formes 
du passé. Par ailleurs, aborder la question suppose d’interroger la 
notion d’« autorité » sous ses multiples aspects. Si l’on entend par « 
autorité » l’exercice institutionnel du pouvoir sur les sociétés, les 
notions de soumission, d’obéissance ou, à l’opposé, de dissidence et de 
résistance peuvent-elles être appliquées dans le cas de formes 
autoritaires d’ordre religieux, économique ou culturel (genre ou ethnie) 
? Dans ces cas, les concepts de dissidence ou de soumission 
s’avèrent-ils opératoires pour décrire la position des artistes et des 
créateurs ? En d’autres termes, existe-t-il des constantes dans les 
attitudes des producteurs d’art en ces contextes autoritaires ou bien 
doit-on ajuster les termes du débat en fonction de contextes historiques 
et géographiques ?

Si la question de l’art face à l’autorité a été l’objet de très 
nombreuses recherches autour de l’histoire artistique et politique 
occidentale récente (nationalismes, totalitarismes, colonialismes, 
ségrégations, discriminations…), l’intention de ce numéro d’Histoire de 
l’art est de proposer une réflexion nouvelle en suscitant des études 
inscrites dans un cadre chronologique et géographique plus large. Nous 
souhaitons également que d’autres formes d’autorités coercitives 
puissent être explorées. Les périodes historiques plus anciennes ont 
connu en effet de multiples formes d’« autoritarismes » qui ont tout 
autant infléchi la création artistique ainsi que les formes de sa 
réception. Par ailleurs, si les études peuvent porter sur toutes les 
aires géographiques, nous encourageons les contributions qui auront pour 
objet des cas d’étude extra-européens, telles la Conquista du continent 
américain ou encore la colonisation en Asie, en Afrique et en Océanie.

Dans ce face-à-face avec des pouvoirs qui ont ambitionné de régir et 
d’orienter les peuples, mais aussi la pensée et la création artistiques, 
au moins trois grandes lignes peuvent être envisagées :

Alignements, asservissements, propagandes
Peut-on parler d’un assujettissement de l’art au politique ? Comment 
celui-ci se traduit-il ? Quelles sont les contradictions inhérentes à un 
art dit « politique » ? Il s’agit ici de toucher à la relation bien 
étudiée de l’art et de la propagande, c’est-à-dire à la façon dont les 
régimes autoritaires et les totalitarismes d’hier et d’aujourd’hui ont 
pu instrumentaliser la création artistique et la culture visuelle pour 
servir leurs projets et intérêts. Ont-ils été capables de créer des 
régimes visuels spécifiques ou bien s’agit-il toujours de récupérations 
et de détournements de formes symboliques préexistantes ? De ce rapport 
d’assujettissement, on peut interroger la « mécanique de domination » et 
son fonctionnement, l’adhésion des artistes à ces idéologies ou, a 
contrario, les marges de liberté dont ils disposent.

Résistances, activismes, engagements
Au cours des siècles, malgré les contraintes exercées par les autorités 
en place, certain(e)s artistes ont fait œuvre de « résistance » en 
adoptant des médiums très diversifiés (peinture, sculpture, 
architecture, performance, caricature, graffiti, affiche, tatouage, 
mode, etc.), par les vecteurs particuliers de diffusion de leurs 
créations ou encore par des moyens bien plus personnels et radicaux 
mettant en jeu leur propre identité (nom, lieu de vie…). Il s’agit 
d’interroger des formes d’existence et de création allant jusqu’au « 
militantisme » artistiques – et ce, même à des époques où ce dernier 
terme pourrait paraître a priori anachronique –, des modalités de 
création visant à détourner, critiquer ou déconstruire les divers 
régimes de contrainte en dépit des risques et des pressions qui ont pu 
être exercées, directement ou plus sournoisement et insidieusement, sur 
les artistes.

La création avec et malgré l’exclusion ou la censure
Les systèmes politiques, religieux ou culturels d’assujettissement qui 
ont tenté de brider ou de réprimer les artistes et leur travail, 
notamment sous la forme de l’exclusion et de la censure, ont aussi été, 
paradoxalement, un stimulus pour la fabrication d’un contrepouvoir par 
l’art. En détournant, en (se) jouant et en déjouant les limites imposées 
par toutes formes d’autoritarisme et en faisant souvent œuvre de « 
bricolage » dans les interstices de liberté, des artistes ont pu innover 
en refaçonnant le rapport entre modèle idéologique et modèle esthétique 
de la production de l’art. Nous encourageons les propositions de cas 
d’études qui pourront approfondir la compréhension de la manière dont la 
contrainte politique et la censure peuvent attiser la créativité visuelle.

Il va de soi que ces trois types de positionnement ne sont pas 
exhaustifs et qu’il existe d’autres types de réactions artistiques aux 
diverses formes d’autoritarismes. Il peut être particulièrement 
fructueux ainsi de considérer le spectre varié et évolutif de ces 
relations aux pouvoirs coercitifs.

Le numéro 94 sera coordonné par Antonella Fenech-Kroke (CNRS, Centre 
André-Chastel) et Thomas Renard (Nantes Université). La revue a pour 
rédactrice en chef Dominique de Font-Réaulx (musée du Louvre).
Les synopsis, comprenant une présentation du sujet problématisé (1 
page), une bibliographie sommaire sur le sujet et une biographie de 
l’auteur (500 signes), sont à adresser sous forme de fichier PDF unique 
par courriel à revueredachistoiredelart at gmail.com pour le 15 janvier 
2024 au plus tard. Les propositions seront étudiées par le comité de 
rédaction.

Les projets retenus feront l’objet d’articles à remettre pour le 27 
avril 2024.


Reference / Quellennachweis:
CFP: Histoire de l'art, no. 94: Art et autoritarismes. In: ArtHist.net, 
Oct 3, 2023. <https://arthist.net/archive/40256>.


More information about the SPECTRE mailing list