[spectre] Des émeutiers et des intellos post-organiques / Sorry of French only to follow

Louise Desrenards louise.desrenards at free.fr
Mon Nov 14 01:38:01 CET 2005


Je vois tout le monde parler des révoltés, ou être interrogé en place des
révoltés, notamment les spécialistes sur la question, ce qui est le
contraire même des protagonistes de la question.

Pardon ce n'est pas contre vous, mais ça me choque : les émeutiers
français - car il sont français même s'ils ont le teint bazané et s'ils
habitent des coins de banlieue déshéritée - qui leur a donné la parole ?
PERSONNE.

Pas plus les médias, sinon à montrer des voitures en feu afin de
monter en épingle un nombre de voiture calcinées largement surévalué, que
les sociologues ou que les intellectuels alternatifs QUI DEROBENT AUX
REVOLTES LA PLACE DE PAROLE A LA TRIBUNE. Même si ce ne sont pas tous des
lycéens - mais beaucoup sont tout de même des collégiens e quelques lycéens,
et même ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre s'il en est sachant parler que
diable, ils ne sont certainement pas des muets, ils ont un organe vivant
pour communiquer, que diable !

Parmi les révoltés certains m'effraient, mais ce n'est pas une raison pour
refuser de les regarder agir, faute pour eux d'être autorisés à prendre la
parole ou de pouvoir être entendus parler. Les voir roués de coups sans leur
donner la parole est tout de même fort de café.

Je n'ai jamais vu des émeutiers aussi mutiques que ceux qui font les beaux
soirs du couvre feu justifié par les médias, et bien que désavoué par les
intellos. JAMAIS autant de silence, à croire qu'ils sont faux ces gamins
fauves qui ont réhabilité le coktail Molotov, inventés, clonés, ou des morts
vivants - présentés pour tels. Ou de la classe virtuelle pour organisations
politiques en mal de masses militantes - camarade nous voilà même si onne
vous connait pas.

C'est absolument scandaleux.

De l'autre côté nous avons les pouvoirs publics, les préfets eux-mêmes qui
parlent de rabattre le débat avec les familles dans les lieux de culte, et
de confier un rôle de gardiennage des adolescents et des familles aux lieux
de culte en place de la république : renforcement communautaire collaborant
pour le bien des siens à la façon du ghetto de Varsovie en version soft ?
ça ne vous choque pas cela
aussi ? Car vous savez très bien que leur cause publique est perdue aux yeux
de l'Etat qui les a sacrifiés depuis plus de vingt ans et le sachant ! Et de
plus : les rebeux athées, ils les enoient à la mosquée : faut le faire.

Quant aux français déjà évoqués : 3è, 4è génération d'émigration mais ce ne
sont pas des "jeunes avec des papiers en règles" : ce sont des français - je
veux dire qui ont la nationalité française pour la plupart ! Et on parle de
renvoyer des français
dans leur pays ? Mais : leur pays c'est ici ! Or personne n'a réagi sur
cette remarque du pouvoir d'Etat ; mais nom d'un chien comme disait un ami :
que fichent-ils à ne jamais avoir quitté la banlieue de leurs
grand-parents?! Qu'a t'on fait publiquement pour les assigner là, lerus
parents, et leur descendance rendue immobile sur les lieux mêmes de l'échec
qui les avait précédés ?!

Cette absence de possibilité de translation géographique et sociale crève
les yeux : ce n'est pas le fait d'une république matérialiste en progrès -
ni d'une démocratie, c'est le fait de la disparition de l'économie politique
en même temps que celle de l'ère industrielle. Même les anciens paysans du
Nord venus faire tourner les usines limitrophes de la capitale finirent par
trouver un progrès qui
n'était pas que celui de l'accession à leurs pavillons ou à des résidences :
celui du progrès social de leurs enfants. Alors, les patronages municipaux
et les cours du soir des syndicats remplaçaient les églises les temples et
les mosquées - purent-elles exister de surcroît, du moins les églises, et
aussi les temples au bout du compte de la laïcité peu scrupuleuse.

Mobilisation politique, certes, car il y a des années la grève générale
aurait déjà été décrétée après huit jours d'émeutes, répliquant à une sorte
d'assassinat socio-politique par non assitance à personne en danger de deux
mômes de banlieue, cramés dans un transformateur - où les flics les savaient
cachés.

Et il est certes tombé bien bas le niveau politique des centrales syndicales
face aux hordes sporadiques de ceux qui jamais n'auront de travail : car
cette main d'oeuvre lattente est devenue intutile à la bonne santé des
indices nationaux et internationaux, et vous le savez très bien ! Et ils le
savent très bien : c'est pourquoi on ne leur donne pas la parole, on craint
qu'ils ne renvoient l'image en miroir insupportable, celle de leur abandon
délibéré il y a quelques années, de leur inutilité économique sinon la
consommation - voler pour consommer mieux par exemple, et de plus pour
certains d'entre eux seulement et surement pas pour la plupart des
émeutiers.

Alors pourquoi faire semblant ? Qu'ils crèvent ? Comme les basses castes en
Indes ne se remettront pas de la montée d'une classe utilitaire accédant à
l'argent et à la décision nationales et internationales dans une
bio-problématique des indices et des pratiques. Ici aussi, le tiers va
gicler et le reste s'appauvrir sauf quelques uns. Alors les cadres sup en
torpedo aérienne viendront se poser sur les places des villes anciennes
abritées par les milices de sécurité pour passer leurs week-ends, quand ils
n'iront pas se ressourcer dans les maisons du silence, justement là encore :
le silence des banlieues : que de l'image !

Quand les villes anciennes protégées, quand ce ne seront pas par des murs de
la honte tel celui que vous savez - le plus symptomatique - ou les
palissades des villes d'Argentine... (où tout paraît renaître pourtant
dit-on : mais  pour qui ? Pour des émigrés qui viennent acheter le foncier
que les habitants de la classe moyenne ruinée - la classe dont l'impot
constituait la masse principale des revenus nationaux est aussi celle de
l'incertude politique alors, pourquoi la maintenir cette classe critique,
puisque là encore ses revenus fiscaux ne sont plus
nécessaires à l'Etat qui s'est dépourvu du service public ?) Voyez le même
topo par ici. ON n'émigre pas dans tous les sens. Vendez les autoroutes et
vos centrales nucléaires, désentravez vous du travail industriel, inutile
d'aller chez le médecin il ne sait plus diagnostiquer le mal et le bien,
voyez le pharmacien, fini le prolétariat, et la TVA fera le reste.

Tristes centres villes au bout des RER ou des lignes de tramways (tout
dépend à quel bout on se place).

Il y a pourtant un lieu de parole indirect dans nos villes bourgeoises, ce
sont les filles et les femmes beurs et blacks émergentes en vendeuses ou en
caissières de grands magasins par exemple, ou de supermarchés, qui chaque
matin et chaque soir font le trajet entre le non lieu - qui pourtant est un
quartier de ville - et le lieu : le centre ville où elles travaillent.
D'abord elles vous diront que bien sûr on ne peut brûler des voitures, puis,
si elles vous sentent en
sympathie ou en bonne écoute, elles vous diront qu'elles sont contre le
couvre-feu, car déjà leur quartier est peu vivable mais si on contrôle les
entrées et les sorties, ou si on ne les laisse circuler que sous la
pression descontrôles, alors autant se flinguer, et enfin : écoutez bien ce
qu'elles ont à dire sur ce qui se passe ; elles vous diront sous les mots
comme elles sont d'accord pour cette expression spectaculaire, la seule, le
seul échange possible pour faire connaître le problème à ceux qui
l'ignorent, qui pouvait faire exister une communication par la
communication, faute d'intérêt collectif.

Et puis eux. Puisqu'il y a eu des journalistes pour les filmer ou les
photographier : n'y en a-t'il pas eu pour leur avoir parlé, les avoir
entendus ? Pourquoi ne lit-on pas la relation de tels échanges, de leurs
paroles - même si ce n'étaient que des insultes ou des cris :
n'éxistèrent-ils pas, ces mots, ou est-ce de la censure ?! Et les masses
medias radiophoniques hertziennes : elles ne connaissent plus le direct ?
Tous réduits aux dépêches de l'AFP ou de Reuteurs qui rapportent selon leur
point de vue owner, pas la peine d'enquêter. Et d'un autre côté la
subjectivité des blogs menacée par d'autres sortes de flics ?

Mais ça suffit à la fin ! qu'on commence donc par se poser le problème de la
censure dans la désinformation de l'information owner et de l'auto-censure
sous les analyses alternatives !

Et puis, certes la solution est politique mais alors avec un grand P parce
que je ne vois pas comment on va rebâtir le service public alors qu'il a été
privatisé - et pour cause puisque dans la visée utilitaire des classes
dynamiques, il était devenu au fond inutile - aux pauvres (qui ne servent
plus à rien, même pas à gagner son paradis).

Pensez-vous vraiment que c'est à nous qu'il faut expliquer que ces garçons
en émeute sont fichus, sauf accident (ce qu'ils font) ? Pensez vous vraiment
que nous ne le sachions pas ? Pensez-vous vraiment que la réponse soi disant
bienveillante en "dérilection" de moralisme par tel chercheur du CNRS qui
essaie de trier la lie de l'ivraie - les bons beurs qui font science po et
d'autre part les dealers - puisse nous satisfaire, quand il se permet de
rappeler l'itinéraire de la délinquance à la source des familles ?! Et
l'éducation publique et sociale municipale : elles ont fait QUOI ?

Et le gouvernement concluant l'industrie au profit de
services moins coûteux et mieux fournis par les pays émergents, en fin de
compte, que par nos formations et nos exploitations (dans tous les sens du
mot), ILS ONT FAIT QUOI ? Vous trouvez normal que ces mômes passent tous
leurs étés à zoner dans leurs quartiers ou à aller casser du touriste dans
les terrains de campings en voyangeant dans les chiottes des trains - comme
si ils n'avaient pas voyagé : toujours le même tumulte faute de fric -
vole-le ou tabasse-le (fric) ?

VOUS ZAVEZ PAS HONTE MESSIEURS LES CHERCHEURS D'OSER ATTRIBUER DES CAUSES A
CE QUE VOUS IGNOREZ ?

Quoi qu'il dise ou laisse espérer hélas le monsieur qui compatit pour
justifier sa position de consultant : son argumentation problématique est
plus que douteuse.

Il y a un vrai problème : la politique européenne de l'émigration et ses
conséquences cadrées sur un fonds de tradition peu honorable, qui vont
jusqu'à affecter d'une image semblable des personnes désocialisées et
désunies économiquement, lesquelles pourtant au terme de leur émigration ont
intégré le statut national du pays où elles vivent : les boucs émissaires,
vous connaissez, "M le maudit" de Fritz Lang, ça ne vous rappelle rien ?

Il y a un vrai problème : la politique internationale du FMI et de la banque
mondiale sous la médiation de l'OMC ; l'assignation à territoire des peuples
pour la réalisation du maximum des profits de la déréglementation de la
libre concurrence internationale. Non plus partager le gâteau mais supprimer
les nations en tant que gâteau, pour justifier qu'il n'y ait plus de gâteau
à
partager de toutes façons, tandis qu'à l'autre bout du fil où théoriquement
on commence à recueillir le fric du partage par le fait magique de la loi du
marché, on ne le partage plus avec ses pauvres...

Quant à l'Afrique ? Vous me direz par exemple qu'au Mali il y a de l'argent,
depuis
qu'EdF a couvert le territoire des bienfaits de l'électricité, semant des
téléviseurs dans les maisons à deux pièces pour quinze individus, pour
remerciement du droit de truffer le sol agricole et phréatique de leur
déchets nucléaires français. Certes : intéressant de retourner au Mali : ya
la télé
et des frigidaires qui tiennent le vide au frais.

Vous me direz qu'ici avec les basses fréquences les dioxines et les
centrales, plus notre propre part d'enfouissement de déchets accablant
maintenant les départements de l'Ouest, qui étaient restés protégés des
retombées de Tchernobyl, nous précédons le Mali - tout jeune et déjà
poney - et mieux, tous les pays en taux de cancer - et de loin mais enfin :
est-ce une façon bien élevée de l'exporter - en accéléré chez les déshérités
?

D'ailleurs tiens, les Corses, c'est comme l'Italie du Sud : ce qui leur
arrive par les côtes et par la mer vaut au-delà des GIGN.

Bref, le fric on le partage où quand et comment si ce n'est celui de la
Bourse, au temps où le capital a sacrifié sa propriété matérielle de la
production au profit de l'argent, tout sacrifié pour l'argent et pour
commencer, pour que l'argent soit plus libre que l'homme, afin de
s'accroître exponentiellement ; or le capital virtuel, ce n'est pas pour
tout le monde, le fric de Google c'est pour la nasa et les martiens, vous
savez bien...

Et pourtant c'est bien par là qu'il faudra finir par aller le chercher, un
jour.

L'argent pour tout le monde - sauf prescrit.

Peut-être ?

L.

PS / Aux émeutiers :
Mais pour commencer, avant de nous lever aux discours sur ou pour les
émeutiers, nous attendons d'entendre parler les émeutiers afin de comprendre
comment les aider. C'est leur lutte ; c'est de leur autonomie, que ce soit
par la formation le travail ou l'inaction, ou l'activisme, qu'il s'agit. Il
faudra bien qu'ils s'y mettent, sans qu'on leur souffle nos vieilles
"conneries" à l'oreille. Quant à la nôtre (oreille), qu'elle soit ouie.







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