[spectre] The pope the emperor the religions as culture

Louise Desrenards louise.desrenards at free.fr
Mon Oct 2 07:22:58 CEST 2006


Thanks.

Very interesting philosophical discourse as anthropology of EU formation of
the thought; but EU hegemonic (not integrating the southern culture of FR,
SP, IT which is historically and philosophically a multi culture)

More the renewal of the scientific paradigm from experimental turning
mathematic through the necessary caution of mathematic; can be the
mathematic concept of God...


On 2/10/06 1:08, "Max Neupert" <abonnements at revolwear.com> probably wrote:

> english:
> http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/
> september/documents/hf_ben-xvi_spe_20060912_university-
> regensburg_en.html
> 
> français:
> http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/
> september/documents/hf_ben-xvi_spe_20060912_university-
> regensburg_fr.html
> 
> deutsch:
> http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/
> september/documents/hf_ben-xvi_spe_20060912_university-
> regensburg_ge.html
> 
> 
> 
> 
> Am 01.10.2006 um 15:39 schrieb Louise Desrenards:
> 
>> Heiko, what not give the active link of a translation in EN or the
>> original
>> one in German, please?
>> 
>> I have searched but not found fro vatican.com
>> 
>> I have founded it in an integral translation in FR. Sorry I do not
>> founded
>> it in EN:
>> http://www.lemonde.fr/web/article/
>> 0,1-0 at 2-3214,36-813614 at 51-810140,0.html
>> 
>> Christian Europe is'nt it exactly a part of the cause we refuse this
>> constitution (more the liberalism and the repression), from our
>> proper part
>> of atheism but knowing of the importance of other religions in several
>> country of EU history?
>> 
>> Not to follow the dominant idea of philosophy in the view of
>> Heidegger at
>> Fribourg ‹ as later he changed. From my part I prefer Hölderlin
>> even front
>> of Hegel from a hand and Nietzsche without sister from another
>> hand. And far
>> from the pope giving an homage to Rosa Luxemburg.
>> 
>> No this is an impossible discourse of modernity but the following
>> entropy of
>> the power against the autonomy.
>> 
>> I'm really sorry. But I cannot approve this discourse as
>> representative of
>> the directions we would have choice for the future...
>> 
>> May be anyone for help a translation in English or Castellano?
>> 
>> "La responsabilité commune du bon usage de la raison"
>> LE MONDE | 16.09.06 | 10h40  €  Mis à jour le 18.09.06 | 18h04
>> 
>> Voici l'intégralité du discours de Benoît XVI à l'université de
>> Ratisbonne,
>> prononcé à l'occasion d'une rencontre avec les représentants de la
>> science,
>> mardi 12 septembre 2006, et traduit par Sophie Gherardi à partir de la
>> version italienne publiée sur le site officiel du Vatican.
>> 
>> 
>> "   C'est pour moi un moment émouvant que de me trouver encore une
>> fois à
>> l'université, et encore une fois pouvoir y donner une conférence. Mes
>> pensées me ramènent à ces années au cours desquelles après une
>> belle période
>> passée à l'institut supérieur de Freising j'ai commencé mon activité
>> d'enseignant à l'université de Bonn. C'était ­ en 1959 ­ à l'époque de
>> l'université à l'ancienne avec ses titulaires pour les différentes
>> chaires,
>> où il n'y avait ni assistants, ni dactylos mais en revanche, il le
>> contact
>> avec les étudiants et surtout entre les professeurs était très
>> direct. On se
>> rencontrait avant et après les cours, dans la salle des
>> professeurs. Les
>> contacts avec les historiens, les philosophes, les philologues et
>> naturellement aussi entre les deux facultés de théologie, étaient très
>> étroits. Une fois par trimestre, il y avait ce qu'on appelait un dies
>> academicus, où les professeurs de toutes les facultés, se présentaient
>> devant les étudiants de l'université rendant ainsi possible une
>> expérience
>> d'universitas (Š) - c'est à dire l'expérience du fait que, malgré
>> toutes nos
>> spécialisations qui parfois nous rendent incapables de communiquer
>> entre
>> nous, nous formons un tout et travaillons dans la plénitude de la
>> raison
>> unique dans ses différentes dimensions, et nous nous trouvons ainsi
>> ensemble
>> face à la responsabilité commune du bon usage de la raison ­ ce fait
>> devenait une expérience vivante. L'université sans doute était
>> fière aussi
>> de ses deux facultés de théologie. Il était clair qu'elles aussi en
>> s'interrogeant sur la rationalité de la foi, accomplissent un
>> travail, qui
>> fait nécessairement parti du " tout " de l'universitas scientarium,
>> même si
>> tous ne pouvaient pas partager la foi, que les théologiens
>> s'attachent à
>> relier à la raison commune, cette cohésion intérieure dans le
>> cosmos de la
>> raison ne fut pas même perturbée la fois ou nous parvint la
>> nouvelle qu l'un
>> de nos collègues avait déclaré qu'il y avait une bizarrerie dans notre
>> université  : deux facultés qui s'occupaient d'une chose qui
>> n'existait pas
>> ­ Dieu. Que même devant un scepticisme aussi radical, il reste
>> nécessaire et
>> raisonnable, de s'interroger sur Dieu au moyen de la raison et
>> qu'il faille
>> le faire dans le contexte de la tradition de la foi chrétienne,
>> était dans
>> l'ensemble de l'université une conviction indiscutée.
>> 
>> Tout ceci m'est revenu en mémoire quand j'ai lu récemment la partie
>> éditée
>> par le professeur Théodore Khoury (Münster) du dialogue que l empereur
>> byzantin érudit Manuel II Paléologue mena en 1391 durant son séjour
>> d'hiver
>> à Ankara avec un Persan lettré sur le Christianisme et l'Islam et
>> la vérité
>> des tous deux.. C'est probablement l'empereur lui-même qui
>> retranscrivit ce
>> dialogue durant le siège de Constantinople, entre 1394 et 1402 ; cela
>> explique aussi pourquoi ses propres raisonnements sont restitués
>> beaucoup
>> plus en détail que ceux de son interlocuteur persan. Le dialogue
>> porte sur
>> l'ensemble des structures de la foi contenues dans la Bible et le
>> Coran et
>> insiste particulièrement sur l'image de Dieu et de l'homme, mais
>> nécessairement aussi toujours de nouveau sur la relation entre ­
>> comme on
>> disait alors ­ " les trois lois " ou les " trois ordres de vie "  :
>> l'Ancien
>> Testament, le Nouveau Testament, le Coran. Je n'ai pas l'intention de
>> développer ce thème au cours de cette leçon ; je voudrai m'arrêter
>> sur un
>> seul point plutôt marginal dans la construction du dialogue dans
>> son entier
>> ­ qui dans le contexte du thème " foi et raison " m'a le plus
>> fasciné et qui
>> servira de départ à mes réflexions sur ce thème.
>> 
>> Dans la " septième controverse " (Š) éditée par le professeur Khoury
>> l'empereur aborde le thème du Djihad, de la guerre sainte.
>> L'empereur savait
>> certainement que dans la sourate II, 256 on peut lire  : " Aucune
>> contrainte
>> dans les choses de la foi ". C'est un texte de la période initiale,
>> disent
>> les experts, durant laquelle Mahomet était lui-même sans pouvoir et
>> menacé.
>> Mais naturellement, l'empereur connaissait aussi les dispositions
>> développées plus tard et fixées dans le Coran concernant la guerre
>> sainte.
>> Sans s'arrêter sur les détails comme la différence de traitement
>> entre les
>> peuples du Livre [juifs et chrétiens] et les incroyants, il
>> s'adresse à son
>> interlocuteur d'une manière étonnement abrupte pour nous en lui
>> posant la
>> question centrale du rapport entre religion et violence. Il lui
>> dit  : "
>> Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne
>> trouveras que des
>> choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par
>> l'épée la foi
>> qu'il prêchait. "  L'empereur expose ensuite minutieusement les
>> raisons pour
>> lesquelles il est absurde de diffuser la foi par la violence. Une
>> telle
>> violence est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme.
>> " Dieu
>> n'aime pas le sang- dit-il-, ne pas agir selon la raison (Š) est
>> contraire à
>> la nature de Dieu. La foi est le fruit de l'âme et non du corps.
>> Celui qui
>> veut conduire quelqu'un vers la foi, doit être capable de bien
>> parler et de
>> raisonner correctement et non d'user de la violence et de la
>> menaceŠ Pour
>> convaincre une âme raisonnable on n'a besoin ni bras, ni d'armes,
>> ni non
>> plus d'un quelconque moyen par lequel on peut menacer quelqu'un de
>> mortŠ. ".
>> 
>> La phrase décisive dans cette argumentation contre la conversion
>> forcée est
>> la suivante  : agir de manière déraisonnable est contraire à la
>> nature de
>> Dieu. L'éditeur Théodore Khoury, commente  : pour l'empereur, un
>> Byzantin
>> éduqué dans la philosophie grecque, cette phrase est évidente. En
>> revanche
>> pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa
>> volonté
>> n'est liée à aucune catégorie, pas même celle de la raison. Dans ce
>> contexte, Khoury cite l'¦uvre du célèbre islamologue français Roger
>> Arnaldez
>> qui relève que Ibn Hazm va jusqu'à déclarer que Dieu ne serait pas
>> même
>> engagé par sa propre parole et que rien ne l'obligerait à nous
>> révéler la
>> vérité. Si telle était sa volonté l'homme devrait pratiquer
>> l'idolâtrie.
>> C'est ici que s'ouvre, dans la compréhension de Dieu et donc dans la
>> réalisation concrète de la religion, un dilemme qui nous interpelle
>> très
>> directement. La conviction qu'agir contre la raison est contraire à la
>> nature de Dieu est-elle seulement une pensée grecque ou est-elle
>> valable en
>> soi et toujours. Je pense que sur ce point se manifeste la profonde
>> concordance entre ce qui est grec dans le meilleur sens du terme et
>> ce qui
>> est foi en Dieu fondée sur la Bible. Modifiant le premier verset du
>> Livre de
>> la Genèse, le premier verset des Ecritures Saintes, Jean commence le
>> prologue de son Evangile par ces mots  : Au commencement était le
>> verbe,
>> était le verbe (logos). C'est précisément les mots qu'emploient
>> l'empereur,
>> Dieu agit (synlogô), avec le logos. Logos signifie à la fois raison
>> et verbe
>> ­ une raison qui est créatrice et peut se communiquer mais
>> justement, comme
>> raison. Jean nous donne ainsi le dernier mot sur le concept
>> biblique de
>> Dieu. Le mot dans lequel toutes les voies souvent pénibles et
>> tortueuses de
>> la foi biblique rejoignent leur but, trouvent leur synthèse. Au
>> commencement
>> était le logos, et le logos est Dieu. La rencontre entre le message
>> biblique
>> et la pensée grecque n'était pas un simple hasard. La vision de
>> Saint Paul
>> devant qui s'étaient fermées les voies de l'Asie et qui vit en
>> songe un
>> Macédonien et entendit sa supplique  :  " Passe en Macédoine, viens
>> à notre
>> secours !"- (Ac 16,6-10) - cette vision peut être interprétée comme un
>> condensé de la nécessité intrinsèque qui unit la foi biblique et le
>> questionnement grec.
>> 
>> En réalité, ce rapprochement était en cours depuis longtemps. Déjà
>> le nom
>> mystérieux de Dieu issu du buisson ardent, qui détache ce Dieu de
>> l'ensemble
>> des divinités aux noms multiples en affirmant seulement son " Je
>> suis ", son
>> être, est face au mythe, une contestation recelant une analogie
>> intime avec
>> la tentative de Socrate de vaincre et de dépasser le mythe lui-
>> même. Le
>> processus commencé auprès du buisson, atteint au sein de l'ancien
>> testament,
>> une nouvelle maturité durant l'exil où le Dieu d'Israël, désormais
>> privé de
>> la Terre et du culte, s'annonce comme le Dieu du ciel et de la
>> terre, se
>> présentant avec une simple formule qui prolonge la parole du
>> buisson argent
>> " je suis ". Avec cette nouvelle connaissance de Dieu, vont de pair
>> des
>> Lumières en quelque sorte qui s'expriment sur un mode drastique
>> dans la
>> dérision des divinités qui ne seraient que fabriquées des mains de
>> l'homme
>> (Ps 115). Ainsi malgré toute la dureté du désaccord avec les
>> souverains
>> hellénistiques qui voulaient obtenir par la force son ralliement au
>> style de
>> vie grecque et au culte des idoles, la foi biblique, durant l'époque
>> hellénistique cheminait intérieurement vers la meilleure partie de
>> la pensée
>> grecque jusqu'à ce contact mutuel qui s'est réalisé essentiellement
>> dans la
>> littérature sapientiale, nous savons aujourd'hui que la traduction
>> grecque
>> de l'ancien testament faite à Alexandrie - la " Septante " -, et
>> plus qu'une
>> simple (au sens un peu dépréciatif) traduction du texte hébreu  :
>> elle est
>> en réalité un témoignage textuel en soi et un pas important de
>> l'histoire de
>> la Révélation, dans lequel s'est accomplie cette rencontre d'une
>> manière qui
>> a eu une signification décisive pour la naissance du christianisme
>> et sa
>> divulgation. En profondeur, ce dont il s'agit, est la rencontre
>> entre foi et
>> raison, entre une pensée authentiquement éclairée et la religion.
>> Partant
>> véritablement de la nature intime de la foi chrétienne et, dans le
>> même
>> temps, de la nature de la pensée grecque désormais fondue dans la foi,
>> Manuel II pouvait dire  : Ne pas agir " avec le logos " est
>> contraire à la
>> nature de Dieu.
>> 
>> Pour être honnête, il convient de noter ici qu'à la fin du Moyen-
>> Age se sont
>> développées dans la théologie des tendances qui brisaient cette
>> synthèse
>> entre esprit grec et esprit chrétien. A rebours de ce qu'on
>> pourrait appeler
>> l'intellectualisme augustinien et thomiste, prend naissance avec
>> Duns Scot
>> une posture volontariste qui, à travers ses différents développements,
>> conduisit à affirmer que nous ne connaîtrions de Dieu que la voluntas
>> ordinata. Au-delà ce celle-ci existerait la liberté de Dieu, en
>> vertu de
>> laquelle Il aurait pu créer et faire même le contraire de tout ce
>> qu'il a
>> effectivement fait. Ici se profilent des positions qui, sans aucun
>> doute,
>> peuvent se rapprocher de celles d'Ibn Hazm et pourraient conduire
>> jusqu'à
>> l'image d'un Dieu-Arbitre, qui n'est lié ni à la vérité ni au bien. La
>> transcendance et la différence de Dieu sont accentuées de manière
>> tellement
>> exagérée que même notre raison, notre sens du vrai et du bien, ne
>> sont plus
>> un véritable miroir de Dieu, dont les possibilités abyssales
>> restent pour
>> nous éternellement inaccessibles et dissimulées derrière ses décisions
>> effectives .
>> 
>> Au contraire, la foi de l'Eglise s'en est toujours tenue à la
>> conviction
>> qu'entre Dieu et nous, entre son Esprit créateur éternel et notre
>> raison
>> créée existe une véritable analogie dans laquelle ­ comme le dit le
>> Concile
>> de Latran IV en 1215 ­ les dissemblances sont certes infiniment
>> plus grandes
>> que les ressemblances, mais pas au point cependant d'abolir
>> l'analogie et
>> son langage. Dieu ne devient pas plus divin du fait que nous le
>> repoussons
>> loin de nous dans un volontarisme pur et impénétrable, mais le Dieu
>> vraiment
>> divin est ce Dieu qui s'est montré comme logos et comme logos a agi
>> et agit,
>> plein d'amour en notre faveur. Certes l'amour, comme dit Paul, "
>> surpasse "
>> toute connaissance et est pour cela capable de percevoir davantage
>> que la
>> simple pensée (Ep 3,19), cependant il reste l'amour du Dieu -Logos
>> et pour
>> cela le culte chrétien est ­ comme le dit encore Paul ­ " logikè
>> latreia ",
>> un culte qui concorde avec le Verbe éternel et avec notre raison
>> (Rm 12,1).
>> 
>> Ce rapprochement intérieur mutuel qui s'est opéré entre la foi
>> biblique et
>> le questionnement philosophique de la pensée grecque, est un fait
>> d'une
>> importance décisive non seulement du point de vue de l'histoire des
>> religions, mais aussi de celui de l'histoire universelle ­ un fait
>> qui nous
>> crée encore aujourd'hui des obligations. Quand on constate cette
>> rencontre,
>> on ne peut guère s'étonner que le christianisme, en dépit de son
>> origine et
>> de son important développement en Orient, ait fini par trouver en
>> Europe le
>> lieu de son empreinte historique décisive. Nous pouvons dire à
>> l'inverse  :
>> cette rencontre, à laquelle s'est ajouté par la suite l'héritage
>> romain, a
>> créé l'Europe et reste le fondement de ce qu'on peut avec raison
>> appeler
>> Europe.
>> 
>> A la thèse selon laquelle l'héritage grec, purifié par la critique,
>> est
>> partie intégrante de la foi chrétienne, s'oppose la demande de
>> déshellénisation du christianisme ­ une revendication qui depuis le
>> début de
>> l'ère moderne domine de plus en plus la recherche théologique. En
>> regardant
>> de plus près, on observe trois vagues dans ce programme de
>> déshellénisation
>> : bien que liées entre elles, elles sont cependant clairement
>> distinctes par
>> leurs motivations et par leurs objectifs. La déshellénisation
>> émerge d'abord
>> en relation avec les postulats de la Réforme du XVIe siècle. Les
>> réformateurs se trouvaient confrontés à la tradition des écoles
>> théologiques, à une systématisation de la foi conditionnée
>> totalement par la
>> philosophie, confrontés par conséquent à une détermination de la
>> foi de
>> l'extérieur, par un mode de pensée qui ne venait pas d'elle. Ainsi,
>> la foi
>> n'apparaissait plus comme parole historique vivante, mais comme un
>> élément
>> inséré dans la structure d'un système philosophique. Le sola
>> Scriptura [les
>> écritures seulement], au contraire, recherche la forme pure et
>> primordiale
>> de la foi, telle qu'elle est présente à l'origine dans la Parole
>> biblique.
>> La métaphysique apparaît comme un présupposé dérivant d'une autre
>> source,
>> dont il convient de libérer la foi pour qu'elle puisse redevenir
>> totalement
>> elle-même. En affirmant qu'il avait dû écarter le savoir pour faire
>> place à
>> la foi, Kant a agi dans le cadre de ce programme avec une
>> radicalité que les
>> réformateurs n'auraient pu prévoir. Ce faisant, il a ancré la foi
>> exclusivement dans la raison pratique, lui déniant l'accès à la
>> totalité du
>> réel.
>> 
>> La théologie libérale du XIXe et du Xxe siècle a apporté une
>> deuxième vague
>> au programme de déshellénisation  : le représentant éminent en est
>> Adolf von
>> Harnack. Pendant mes études, ainsi que durant les premières années
>> de mon
>> activité universitaire, ce programme était extrêmement actif y
>> compris dans
>> la théologie catholique. Le point de départ en était la distinction de
>> Pascal entre le Dieu des philosophes et le Dieu d'Abraham, d'Isaac
>> et de
>> Jacob. Dans ma leçon inaugurale à Bonn en 1959, j'ai discuté cet
>> argument et
>> je ne veux pas reprendre ici tout mon raisonnement. Je voudrais
>> cependant
>> tenter de mettre en lumière brièvement la nouveauté que représente
>> cette
>> seconde vague par rapport à la première. Chez Harnack apparaît l'idée
>> centrale du retour au simple homme Jésus et à son message simple, qui
>> viendrait avant toute théologie et, justement, avant toute
>> hellénisation  :
>> ce serait ce message simple qui constituerait le sommet véritable du
>> développement religieux de l'humanité. Jésus aurait marqué l'adieu
>> au culte,
>> en faveur de la morale. En définitive, Il est représenté comme le
>> père d'un
>> message moral humanitaire. Le but de Harnack est au fond de
>> remettre le
>> christianisme en harmonie avec la raison moderne, en le libérant
>> précisément
>> des éléments apparemment philosophiques et théologiques, comme par
>> exemple
>> la foi dans la divinité du Christ et dans la Trinité de Dieu. En ce
>> sens
>> l'exégèse historique et critique du Nouveau Testament, dans sa vision,
>> replace la théologie dans le cosmos de l'université  : la
>> théologie, pour
>> Harnack, est quelque chose d'essentiellement historique et donc de
>> strictement scientifique. Ce qu'elle découvre sur Jésus au moyen de la
>> critique est, pour ainsi dire, l'expression de la raison pratique
>> et par
>> conséquent défendable dans l'université. En arrière fond, il y a
>> l'autolimitation moderne de la raison, exprimée de façon classique
>> dans les
>> " critiques " de Kant, mais entre temps radicalisée par la pensée des
>> sciences naturelles. Cette conception moderne de la raison se
>> fonde, pour le
>> dire brièvement, sur une synthèse entre platonisme (cartésianisme) et
>> empirisme, que le succès technique a confirmé. D'un côté on
>> présuppose la
>> structure mathématique de la matière, sa rationalité intrinsèque si
>> l'on
>> peut dire, qui rend possible de la comprendre et de l'utiliser dans
>> toute
>> son efficacité opérationnelle  : ce présupposé de fond est en
>> quelque sort
>> l'élément platonicien dans la conception moderne de la nature. De
>> l'autre
>> côté, il s'agit de l'utilisation fonctionnelle de la nature à nos
>> fins, où
>> seule la possibilité de contrôler le vrai ou le faux par l'expérience
>> fournit la certitude décisive. Le poids entre les deux pôles peut,
>> selon les
>> circonstances, porter plutôt d'un côté ou plutôt de l'autre. Un
>> penseur
>> strictement positiviste comme J. Monod s'est déclaré platonicien
>> convaincu.
>> 
>> Ceci comporte deux orientations fondamentales décisives pour notre
>> question.
>> Seul le type de certitude qui découle de la synergie entre
>> mathématique et
>> empirisme nous permet de parler de scientificité. Ce qui prétend
>> être de la
>> science doit se confronter à ce critère. C'est ainsi que même les
>> sciences
>> qui concernent les choses humaines, comme l'histoire, la
>> psychologie, la
>> sociologie et la philosophie, cherchaient à se rapprocher de canon
>> de la
>> scientificité. Important pour nos réflexions est encore le fait que la
>> méthode comme telle exclut le problème Dieu, en le faisant
>> apparaître comme
>> un problème ascientifique ou préscientifique. Mais nous nous
>> trouvons là
>> devant une réduction du rayon de la science et de la raison qui
>> doit être
>> questionné.
>> 
>> J'y reviendrai. Pour le moment, il suffit de garder à l'esprit que
>> si, à la
>> lumière de cette perspective, on tentait de conserver à la
>> théologie le
>> caractère de discipline " scientifique ", il ne resterait du
>> christianisme
>> qu'un misérable fragment. Mais nous devons dire plus  : si la
>> science dans
>> son ensemble est seulement cela, alors c'est l'homme lui-même qui
>> par là
>> subit une réduction. Car alors les interrogations proprement
>> humaines ­ d'où
>> ? vers où ? -, les interrogations de la religion et de l'ethos, ne
>> peuvent
>> trouver place dans l'espace de la raison commune décrite par la "
>> science "
>> entendue ainsi et doivent être déplacées dans le domaine de la
>> subjectivité.
>> Le sujet décide, sur la base de ses expériences, ce qui lui paraît
>> religieusement soutenable, et la " conscience " subjective devient en
>> définitive l'unique instance éthique. Mais de cette façon, l'ethos
>> et la
>> religion perdent leur force qui est de créer une communauté et
>> tombent dans
>> le domaine discrétionnaire de la personne. C'est là une condition
>> dangereuse
>> pour l'humanité  : nous le constatons dans les pathologies
>> menaçantes de la
>> religion et de la raison ­ pathologies qui doivent nécessairement
>> éclater
>> quand la raison est à tel point réduite que les questions de la
>> religion et
>> de l'ethos ne la regardent plus. Ce qui reste des tentatives de
>> construire
>> une éthique en partant des règles de l'évolution ou de la
>> psychologie et de
>> la sociologie est tout simplement insuffisant.
>> 
>> Avant d'en venir aux conclusions vers lesquelles tend tout ce
>> raisonnement,
>> je dois encore faire brièvement allusion à la troisième vague de
>> déshellénisation qui se diffuse actuellement. Eu égard à la
>> multiplicité des
>> cultures qui se rencontrent, on aime à dire aujourd'hui que la
>> synthèse avec
>> l'hellénisme accomplie dans l'Eglise primitive, aurait été une
>> première
>> inculturation qui ne devrait pas lier les autres cultures. Celles-ci
>> devraient avoir le droit de revenir en arrière jusqu'au point qui
>> précédait
>> cette inculturation afin de découvrir le simple message du Nouveau
>> Testament
>> et de l'inculturer de nouveau dans leurs différents espaces. Cette
>> thèse
>> n'est pas simplement erronée ; elle est grossière et imprécise. Le
>> Nouveau
>> Testament, en effet, a été écrit en grec et porte en lui le contact
>> avec
>> l'esprit grec ­ un contact qui avait mûri dans le développement
>> précédent de
>> l'Ancien Testament. Certes, il y a des éléments dans le processus de
>> formation de l'Eglise primitive qui ne doivent pas être intégrés
>> dans toutes
>> les cultures. Mais les décisions de fond qui, justement, regardent le
>> rapport de la foi avec la recherche de la raison humaine, ces
>> décisions de
>> fond font partie de la foi elle-même et en sont les développements,
>> conformes à sa nature.
>> 
>> J'en arrive ainsi à la conclusion. Faite en quelques grandes
>> lignes, cette
>> tentative de critique de la raison moderne de l'intérieur d'elle-même,
>> n'inclut en aucune façon l'opinion qu'il faille désormais revenir en
>> arrière, avant les Lumières, en rejetant les conviction de l'ère
>> moderne.
>> 
>> Ce qui est valide dans le développement moderne de l'esprit est
>> reconnu sans
>> réserves  : nous sommes tous pleins de gratitude pour les possibilités
>> grandioses qu'il a ouvertes à l'homme et pour les progrès qu'il a
>> permis
>> dans le champ humain. L'ethos de la scientificité, du reste, est
>> (Š) volonté
>> d'obéissance à la vérité, et donc expression d'une attitude qui
>> fait partie
>> des décisions essentielles de l'esprit chrétien. L'intention n'est
>> donc pas
>> un retrait, une critique négative ; il s'agit au contraire d'un
>> élargissement de notre concept de raison et de son usage. Parce
>> que, malgré
>> toute la joie éprouvée face aux possibilités de l'homme, nous
>> voyons aussi
>> les menaces qui émergent de ces possibilités et nous devons nous
>> demander
>> comment nous pouvons les dominer. Nous ne réussissons que si raison
>> et foi
>> se retrouvent unies d'une manière nouvelle ; si nous dépassons la
>> limitation
>> autodécrétée de la raison à ce qui est vérifiable par l'expérience,
>> et si
>> nous en découvrons toute l'amplitude. En ce sens, la théologie, pas
>> seulement comme discipline historique et humano-scientifique, mais
>> comme
>> théologie véritable, c'est à dire comme interrogation sur la raison
>> de la
>> foi, doit avoir sa place à l'université et dans le grand dialogue
>> avec les
>> sciences.
>> 
>> Ce n'est qu'ainsi que nous deviendrons capables d'un vrai dialogue
>> entre les
>> cultures et les religions ­ un dialogue dont nous avons un urgent
>> besoin.
>> Dans le monde occidental domine largement l'opinion que seule la
>> raison
>> positiviste et les formes de philosophie qui en dérivent, sont
>> universelles.
>> Mais les cultures profondément religieuses du monde voient
>> justement dans
>> cette exclusion du divin de l'universalité de la raison une attaque
>> contre
>> leurs convictions les plus intimes. Une raison qui est sourde face
>> au divin
>> et repousse la religion au niveau des sous-cultures est incapable de
>> s'insérer dans le dialogue des cultures. Et pourtant, la raison
>> moderne des
>> sciences de la nature, avec sa dimension platonicienne intrinsèque,
>> porte en
>> elle, comme j'ai tenté de le démontrer, une interrogation qui la
>> transcende,
>> elle et ses possibilités méthodologiques. Elle doit simplement
>> accepter la
>> structure rationnelle de la matière et les correspondances entre notre
>> esprit et les structures rationnelles à l'¦uvre dans la nature
>> comme une
>> donnée de fait, sur laquelle est fondé son parcours méthodologique.
>> Mais la
>> question du pourquoi de cette donnée de fait existe et doit être
>> confiée par
>> les sciences de la nature à d'autres niveaux et modes de pensée ­ à la
>> philosophie et à la théologie. Pour la philosophie et, d'une façon
>> différente, pour la théologie, écouter les grandes expériences et
>> convictions des traditions religieuses de l'humanité, en
>> particulier celles
>> de la foi chrétienne, constitue une source de connaissance ; s'y
>> refuser
>> signifierait une réduction inacceptable de notre manière d'écouter
>> et de
>> répondre. Ici me vient à l'esprit une réflexion de Socrate à
>> Phédon. Dans
>> les échanges précédents s'étaient exprimées un grand nombre d'opinions
>> philosophiques erronées. Alors Socrate déclara  : " Il serait bien
>> compréhensible que l'un d'entre vous, irrité par tant d'erreurs,
>> prenne en
>> haine pour le reste de sa vie tout discours sur l'être et le
>> dénigre. Mais
>> ce faisant, il perdrait la vérité de l'être et subirait un grand
>> dommage ".
>> 
>> L'Occident est depuis longtemps menacé par l'aversion contre les
>> interrogations fondamentales de sa raison et il ne peut qu'en subir
>> un grand
>> dommage. Le courage de s'ouvrir à l'amplitude de la raison, et non
>> le refus
>> de sa grandeur, tel est le programme par lequel une théologie
>> engagée dans
>> la réflexion sur la foi biblique entrera dans les débats du temps
>> présent. "
>> Ne pas agir selon la raison, ne pas agir avec le logos est
>> contraire à la
>> nature de Dieu ", a déclaré Manuel II à son interlocuteur persan à
>> partir de
>> son image chrétienne de Dieu. C'est à ce grand logos, à cette
>> immensité de
>> la raison, que nous invitons nos interlocuteurs dans le dialogue des
>> cultures. La retrouver nous mêmes à nouveau et toujours, c'est la
>> grande
>> tâche de l'université. "
>> 
>> 
>> 
>> 
>> On 1/10/06 13:37, "Heiko Recktenwald" <uzs106 at uni-bonn.de> probably
>> wrote:
>> 
>>> 
>>>> Why the pope would have corrected it as soon as possible if there
>>>> would not
>>>> be a hard problem?
>>>> 
>>>> 
>>> I dont think he has anything corrected, he just made clear what he
>>> had
>>> allready said. Read that speech, it is at vatican.com, with a rather
>>> ugly background gif.
>>> 
>>> Maybe I am a little bit picky here, but the "dialogue of
>>> cultures" (or
>>> however you like to call it) must be based on precision and not on
>>> foggy
>>> fairytales. People should listen to each other and not reproduce
>>> their
>>> prejudices whenever they seem to fit.
>>> 
>>> 
>>> 
>>> H.
>>> 
>>> ______________________________________________
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>>> http://coredump.buug.de/cgi-bin/mailman/listinfo/spectre
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