[spectre] TERRORISM OR TRAGICOMEDY? FREE THE TARNAC FIVE!

Louise Desrenards louise.desrenards at free.fr
Mon Nov 24 22:10:24 CET 2008


in English below
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http://www.liberation.fr/societe/0101267186-terrorisme-ou-tragi-comedie

Terrorisme ou tragi-comédie


Giorgio Agamben philosophe italien.


A l’aube du 11 novembre, 150 policiers, dont la plupart appartenaient 
aux brigades antiterroristes, ont encerclé un village de 350 habitants 
sur le plateau de Millevaches avant de pénétrer dans une ferme pour 
arrêter 9 jeunes gens (qui avaient repris l’épicerie et essayé de 
ranimer la vie culturelle du village). Quatre jours plus tard, les 9 
personnes interpellées ont été déférées devant un juge antiterroriste et 
«accusées d’association de malfaiteurs à visée terroriste». Les journaux 
rapportent que le ministre de l’Intérieur et le chef de l’Etat «ont 
félicité la police et la gendarmerie pour leur diligence». Tout est en 
ordre en apparence. Mais essayons d’examiner de plus près les faits et 
de cerner les raisons et les résultats de cette «diligence».

Les raisons d’abord : les jeunes gens qui ont été interpellés «étaient 
suivis par la police en raison de leur appartenance à l’ultra-gauche et 
à la mouvance anarcho autonome». Comme le précise l’entourage de la 
ministre de l’Intérieur, «ils tiennent des discours très radicaux et ont 
des liens avec des groupes étrangers». Mais il y a plus : certains des 
interpellés «participaient de façon régulière à des manifestations 
politiques», et, par exemple, «aux cortèges contre le fichier Edvige et 
contre le renforcement des mesures sur l’immigration». Une appartenance 
politique (c’est le seul sens possible de monstruosités linguistiques 
comme «mouvance anarcho autonome»), l’exercice actif des libertés 
politiques, la tenue de discours radicaux suffisent donc pour mettre en 
marche la Sous direction antiterroriste de la police (Sdat) et la 
Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Or, qui possède un 
minimum de conscience politique ne peut que partager l’inquiétude de ces 
jeunes gens face aux dégradations de la démocratie qu’entraînent le 
fichier Edvige, les dispositifs biométriques et le durcissement de 
règles sur l’immigration.

Quant aux résultats, on s’attendrait à ce que les enquêteurs aient 
retrouvé dans la ferme de Millevaches des armes, des explosifs, et des 
cocktails Molotov. Tant s’en faut. Les policiers de la Sdat sont tombés 
sur «des documents précisant les heures de passage des trains, commune 
par commune, avec horaire de départ et d’arrivée dans les gares». En bon 
français : un horaire de la SNCF. Mais ils ont aussi séquestré du 
«matériel d’escalade». En bon français : une échelle, comme celles qu’on 
trouve dans n’importe quelle maison de campagne.

Il est donc temps d’en venir aux personnes des interpellés et, surtout, 
au chef présumé de cette bande terroriste, «un leader de 33 ans issu 
d’un milieu aisé et parisien, vivant grâce aux subsides de ses parents». 
Il s’agit de Julien Coupat, un jeune philosophe qui a animé naguère, 
avec quelques-uns de ses amis, Tiqqun, une revue responsable d’analyses 
politiques sans doute discutables, mais qui compte aujourd’hui encore 
parmi les plus intelligentes de cette période. J’ai connu Julien Coupat 
à cette époque et je lui garde, d’un point de vue intellectuel, une 
estime durable.

Passons donc à l’examen du seul fait concret de toute cette histoire. 
L’activité des interpellés serait à mettre en liaison avec les actes de 
malveillance contre la SNCF qui ont causé le 8 novembre le retard de 
certains TGV sur la ligne Paris-Lille. Ces dispositifs, si l’on en croit 
les déclarations de la police et des agents de la SNCF eux-mêmes, ne 
peuvent en aucun cas provoquer des dommages aux personnes : ils peuvent 
tout au plus, en entravant l’alimentation des pantographes des trains, 
causer le retard de ces derniers. En Italie, les trains sont très 
souvent en retard, mais personne n’a encore songé à accuser de 
terrorisme la société nationale des chemins de fer. Il s’agit de délits 
mineurs même si personne n’entend les cautionner. Le 13 novembre, un 
communiqué de la police affirmait avec prudence qu’il y a peut-être «des 
auteurs des dégradations parmi les gardés a vue, mais qu’il n’est pas 
possible d’imputer une action à tel ou tel d’entre eux».

La seule conclusion possible de cette ténébreuse affaire est que ceux 
qui s’engagent activement aujourd’hui contre la façon (discutable au 
demeurant) dont on gère les problèmes sociaux et économiques sont 
considérés ipso facto comme des terroristes en puissance, quand bien 
même aucun acte ne justifierait cette accusation. Il faut avoir le 
courage de dire avec clarté qu’aujourd’hui, dans de nombreux pays 
européens (en particulier en France et en Italie), on a introduit des 
lois et des mesures de police qu’on aurait autrefois jugées barbares et 
antidémocratiques et qui n’ont rien à envier à celles qui étaient en 
vigueur en Italie pendant le fascisme. L’une de ces mesures est celle 
qui autorise la détention en garde à vue pour une durée de 
quatre-vingt-seize heures d’un groupe de jeunes imprudents peut-être, 
mais auxquels «il n’est pas possible d’imputer une action». Une autre 
tout aussi grave est l’adoption de lois qui introduisent des délits 
d’association dont la formulation est laissée intentionnellement dans le 
vague et qui permettent de classer comme «à visée» ou «à vocation 
terroriste» des actes politiques qu’on n’avait jamais considérés 
jusque-là comme destinés à produire la terreur.

Traduit de l’italien par Martin Rueff.

Dernier ouvrage paru : le Règne et la gloire, homo sacer, II, 2, traduit 
de l’italien par Joël Gayraud et Martin Rueff, Seuil, 2008.



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http://farkyaralari.blogspot.com/search/label/semiotext(e)
http://farkyaralari.blogspot.com/2008/11/free-tarnac-9-statement-of-support-by.html
This e-mail is from semiotext(e).




Nine friends in France have been arrested and accused of terrorism, 
although no proof has been brought against them. Attached please find a 
petition written by the publisher Eric Hazan, which can be signed (name, 
occupation, city) and returned to: lafabrique at lafabrique.fr

A statement of support by Giorgio Agamben is pasted in below.

Thanks very much.

TERRORISM OR TRAGICOMEDY?

On the morning of November 11, 150 police officers, most of which 
belonged to the anti-terrorist brigades, surrounded a village of 350 
inhabitants on the Millevaches plateau, before raiding a farm in order 
to arrest nine young people (who ran the local grocery store and tried 
to revive the cultural life of the village). Four days later, these nine 
people were sent before an anti-terrorist judge and “accused of criminal 
conspiracy with terrorist intentions.” The newspapers reported that the 
Ministry of the Interior and the Secretary of State “had congratulated 
local and state police for their diligence.” Everything is in order, or 
so it would appear. But let’s try to examine the facts a little more 
closely and grasp the reasons and the results of this “diligence.”

First the reasons: the young people under investigation “were tracked by 
the police because they belonged to the ultra-left and the anarcho 
autonomous milieu.” As the entourage of the Ministry of the Interior 
specifies, “their discourse is very radical and they have links with 
foreign groups.” But there is more: certain of the suspects “participate 
regularly in political demonstrations,” and, for example, “in protests 
against the Fichier Edvige (Exploitation Documentaire et Valorisation de 
l'Information Générale) and against the intensification of laws 
restricting immigration.” So political activism (this is the only 
possible meaning of linguistic monstrosities such as “anarcho autonomous 
milieu”) or the active exercise of political freedoms, and employing a 
radical discourse are therefore sufficient reasons to call in the 
anti-terrorist division of the police (SDAT) and the central 
intelligence office of the Interior (DCRI). But anyone possessing a 
minimum of political consc
ience could not help sharing the concerns of these young people when 
faced with the degradations of democracy entailed by the Fichier Edvige, 
biometrical technologies and the hardening of immigration laws.

As for the results, one might expect that investigators found weapons, 
explosives and Molotov cocktails on the farm in Millevaches. Far from 
it. SDAT officers discovered “documents containing detailed information 
on railway transportation, including exact arrival and departure times 
of trains.” In plain French: an SNCF train schedule. But they also 
confiscated “climbing gear.” In simple French: a ladder, such as one 
might find in any country house.

Now let’s turn our attention to the suspects and, above all, to the 
presumed head of this terrorist gang, “a 33 year old leader from a 
well-off Parisian background, living off an allowance from his parents.” 
This is Julien Coupat, a young philosopher who (with some friends) 
formerly published Tiqqun, a journal whose political analyses – while no 
doubt debatable – count among the most intelligent of our time. I knew 
Julien Coupat during that period and, from an intellectual point of 
view, I continue to hold him in high esteem.

Let’s move on and examine the only concrete fact in this whole story. 
The suspects’ activities are supposedly connected with criminal acts 
against the SNCF that on November 8 caused delays of certain TGV trains 
on the Paris-Lille line. The devices in question, if we are to believe 
the declarations of the police and the SNCF agents themselves, can in no 
way cause harm to people: they can, in the worst case, hinder 
communications between trains causing delays. In Italy, trains are often 
late, but so far no one has dreamed of accusing the national railway of 
terrorism. It’s a case of minor offences, even if we don’t condone them. 
On November 13, a police report prudently affirmed that there are 
perhaps “perpetrators among those in custody, but it is not possible to 
attribute a criminal act to any one of them.”

The only possible conclusion to this shadowy affair is that those 
engaged in activism against the (in any case debatable) way social and 
economic problems are managed today are considered ipso facto as 
potential terrorists, when not even one act can justify this accusation. 
We must have the courage to say with clarity that today, numerous 
European countries (in particular France and Italy), have introduced 
laws and police measures that we would previously have judged barbaric 
and anti-democratic, and that these are no less extreme than those put 
into effect in Italy under fascism. One such measure authorizes the 
detention for ninety-six hours of a group of young – perhaps careless – 
people, to whom “it is not possible to attribute a criminal act.” 
Another, equally serious, is the adoption of laws that criminalize 
association, the formulations of which are left intentionally vague and 
that allow the classification of political acts as having terrorist 
“intentions” or “inclinat
ions,” acts that until now were never in themselves considered terrorist.

— Giorgio Agamben
Libération, November 19, 2008


ATTACHMENTS THAT CAME WITH THE MAIL
http://www.mediafire.com/?ntrywnm2jji

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