Re: [spectre] (with a mechanical translator) Droit de réponse absolument nécessaire à un mensonge affiché : Re: [nettime-fr] VOTER AU HASARD, ET LE FAIRE SAVOIR!

Aliette Guibert guibertc at criticalsecret.com
Sun May 22 01:53:02 CEST 2005


Merci David de ton texte délicieux:)))

Chers Loz et cher Olivier, tout à vos machines aspirantes : une c'était déjà
assez, comment dire, de perte mais deux : ce n'est plus de la perte, c'est
une essoreuse.

Vive la liberté et la subversion : je suis pour. Mais enfin, la subversion,
pour le matérialiste que tu es, Loz, qu'est-ce que c'est ?

Moi aussi, je suis matérialiste : où les dés lancés se posent,
l'incontournable réalité commence, prédictible de destin ou de fatalité.

Et le hasard - me diras-tu - ?

C'est l'Autre.

L'inconnu : ce que, ou celui que tu rencontres, détermine le sens de la
suite des événements qui le précèdent - qui te concernent.

Et pourquoi un coup de dés n'abolirait pas le hasard ?

Parce que le hasard n'est pas dans le coup de dé.

Le hasard

C'est l'Autre

(impalpable, inconfiguré - ou symboliquement configuré).

Sans le troisième laron, le hasard n'existe pas. Il n'y a qu'un problème,
c'est que l'Autre t'environne. Il est là, de toutes façons, et cela agit, ce
n'est pas indifférent, que tu le veuilles ou non. Warchawsky a très expliqué
ça à propos des Palestiniens en Israêl avant les accords d'Oslo. Israêl sans
les Palestiniens, même s'ils y étaient traités avant de façon raciste,
méprisés, ce n'était pas l'intolérance intégriste d'Israël après Oslo.

On peut bien ignorer l'existence de Dieu, par exemple en disant - position
agnostique : "J'ignore s'il existe ; s'il existe, il existe : je n'ai pas à
y croire pour qu'il existe ; je n'ai donc pas à me préocuper de Dieu". Voilà
une sage résolution. Le problème est que le hasard ce n'est pas Dieu. Le
hasard, lui, est toujours à la périphérie des circonstances, ou dedans, et
d'ailleurs la physique des particules et des hautes énergies s'y intéresse.

C'est comme le deuxième monde dont parle Zizek à propos de l'Europe, de
l'empire américain (le premier monde), et de ses vassaux (le troisième
monde)... - Les gens qui ont frotté leur communisme et leur judéo
christianisme à l'Islam sont étranges mais subtils -.

A vouloir exclure l'autre : ça fait des morts.

Les logiciens (pas les rationalistes) et la culture de l'Est m'intéressent
parce que le Sud inquisiteur de l'Occident a tué la rencontre des trois
cultures qui sont allées ailleurs... où de quoi nous apprendre.

Je pense que si Baudrillard s'intéresse à Zizek c'est à cause du paradoxal
et du deuxième monde. Et après tout, peut-être bien que Scalzone aussi.

Quant à Jacques-Alain Miller, ce qu'il a retenu d'Althusser en rencontrant
Lacan, c'est que la critique de l'économie politique ne supprime pas
l'inconscient - et là encore, ça fait des morts. Aussi n'a-t'il pas choisi
l'immobilisme.

Et puisqu'on est à Cannes, où les frères Dardennes viennent de recevoir la
palme sous la présidence de Kusturiza, qui sauve ainsi le cinéma francophone
: ce deuxième monde, le hasard et la question de l'Autre, c'était le thème
de son quatrième long métrage "Arizona dream".

Pourquoi je suis révoltée contre le Noui ? parce que c'est une solution sans
troisième laron. Celle qui gère les dés et le hasard en les empêchant de
bouger. Celle qui préserve de l'aventure - comme destin - mais pas de la
fatalité.

Loin de la subversion, c'est l'attitude sécuritaire déplacée de la
proposition à la réponse. La liquidation de l'énergie(non la subversion -
qui en donne).


Epilogue

Je te trouve quand même un peu léger de commencer ta lettre par le terme
d'infamie - qui a attribué de l'infamie, à qui ?
Par opportunisme je n'entendais pas des choses vénales, mais bien la
conclusion que je viens d'apporter : l'opportunisme d'une réponse
sécuritaire, parce que l'on a peur des lendemains inconnus de la réponse.

Sans doute est-ce t'estimant en situation d'abus, au début de ta réponse à
la mienne et lui attribuant de l'infamie à l'égard de mes correspondants, si
à la fin tu conclus au contraire : "j'aime bien Aliette, etc." ; si vraiment
tu t'étais senti insulté, alors je te remercie de ce témoignage magnanime
d'amitié, évidemment en plus j'en prends une part pour des compliments.
Mais... si vraiment tu penses cela : "(...) son énergie pour se passionner
sur ces questions politiques et de société qui en vérité ne touchent plus
grand monde" : alors là, Loz, tu ne dois pas voir très clair autour de toi !
Et toi aussi, que te prend-il de sortir soudain de ta tannière avec ta
machine aspirante ? Avoue que pour un type sans passion, tu y apportes
beaucoup d'efforts !

La question du Non n'est pas qu'il soit ensuite bafoué ou détourné ou floué
par telle ou telle réforme. Cela à vrai dire n'a immédiatement aucune
importance. Le lendemain est un autre jour où aviser. Pour autant, le Non
n'est pas un coup de dé. Le Oui est un vote qui spécule sur des changements
impossibles ou improbables. Le Non n'est pas une spéculation sur le
changement. C'est exactement la révélation de l'état de fait de
l'opposition. L'irruption de l'Autre, et c'est justement cela qui donne à
craindre à ceux qui le combattent avec tant d'acharnement Ouiste, ou Nouiste
au nom de l'art... Mais quel art, Loz ? C'est quoi l'art ? Une croyance ?

Pour ma part je ne crois pas dans un projet quand je vote non : je dis
simplement NON - je refuse ce projet. Et c'est bien cela que je veux dire,
avec les autres, ce sur quoi et cela seulement, nous sommes tous ensemble
bien d'accord, quand nous disons : NON. Et cette rencontre là, c'est comme
celle des mathématiques et du calcul intégral : c'est rare - et jouissif
aussi - fais-moi confiance.

Enfin, le retour du désir.

----- Original Message ----- 
From: "loz from provisoire" <listo at provisoire.com>
Cc: "spectre" <spectre at mikrolisten.de>
Sent: Saturday, May 21, 2005 8:55 PM
Subject: Re: [spectre] (with a mechanical translator) Droit de réponse
absolument nécessaire à un mensonge affiché : Re: [nettime-fr] VOTER AU
HASARD, ET LE FAIRE SAVOIR!


> Puisque dans un geste symbolique et artistique j'ai lancé la campagne
> pour le NOUI , voir la page internet http://provisoire.net/noui à
> l'origine du commentaire d'Aliette, je pense avoir le droit de
> m'exprimer ici sur nettime et de me défendre ne serait-ce que parce
> qu'une oeuvre poétique et artistique ne peut souffrir la censure et en
> plus l'infamie. J'envoie à tout hasard ce message sur nettime-raw si
> celui-ci est bloqué sur nettime.
>
> Rappel :
> 1) La "subversion" est pour l'art un mode d'expression poétique puissant
> et généreux, au delà de la forme et des couleurs, l'artiste, par ses
> créations artistiques, a le pourvoir de dénoncer et de mettre en lumière
> les injustices et les absurdités du monde dans lequel il vit. Renier
> cette expression subversive c'est condamner l'art à la décoration.
> 2) Il n'y a pas de domaine "reservé" ou de "sujet tabou", l'expression
> libre et originale de l'artiste a le droit d'investir toutes les
> questions et sujets et de revêtir la forme qu'il désire. Contester cela
> c'est justement l'atteinte la plus odieuse qui soit car elle interdit la
> libre faculté de créer et de rêver.
> 3) Le oui pour l'europe et le non pour l'europe, ont ceci de commun
> qu'ils entérinent et instaurent l'Europe, l'Europe est avalisée par ce
> référendum, et les nonistes tout autant que les ouiistes sont les
> dindons de cette farce.
> Face à cette nouvelle EUROPE qui se prend pour l'EMPIRE, face à la
> montée de l'Europérialisme triomphant, on se doit, parce que l'on est
> moins partisans et aliénés que les autres, d'agir en laissant libre
> cours à son imagination et à son esprit de subversion poétique. Toutes
> les armes sont bonnes : provocation, dérision, poésie, parodie, le
> hasard sont légitimes si l'on veut résister symboliquement à cet
> alignement du symbolique orchestrée par les forces de la pensée unique
> ou de la contestation unique...
> 4) Donc oui je vote NOUI ou mieux encore je vote au hasard entre mes
> trois bulletins le OUI, le NON et le NOUI (voir la photo
> http://provisoire.net/noui/3bulletinspourdimanche.jpg) parce que je ne
> veux pas que l'on me confisque ma parole et ma liberté, parce que je
> refuse de tout mon coeur l'impératif politique et économique, parce que
> je refuse le principe de réalité, parce que je suis humain, profondément
> affectif et pardessus tout parce qu'un choix de société ne peut pas se
> réduire à jouer pair ou impair.
> 5) J'adore Aliette car elle est, à sa manière, une véritable artiste,
> elle a su garder toute sa fraîcheur et son énergie pour se passionner
> sur ces questions politiques et de société qui en vérité ne touchent
> plus grand monde.
> 6) Et pourquoi un coup de dés n'abolirait pas le hasard ?
>
> Aliette Guibert a écrit :
>
> >Pour traduire dans une autre langue / Translator
> >http://babelfish.altavista.com/
> >----------------------------------------------
> >
>
>





More information about the SPECTRE mailing list